Au salon Préventica Paris, Yann Hilaire (expert CFE-CGC santé au travail) a évoqué les impacts du télétravail depuis la crise sanitaire, et plaidé pour un encadrement négocié du dispositif en entreprise.
S’appuyant sur diverses études référentes (le baromètre annuel sur le télétravail réalisé par Malakoff-Humanis, une étude du ministère du Travail « Relations professionnelles et négociations d’entreprise », et les travaux d’Émilie Vayre, enseignante chercheuse à Lyon), Yann Hilaire a dressé la liste des principaux effets positifs induits par le télétravail en termes de productivité, d’efficacité et de qualité du travail, de concentration (moins d’interruptions), d’autonomie, de sentiment de contrôle du travail (temps, tâche, organisation), de motivation au travail, de baisse de l’absentéisme et du stress professionnel perçu.
INTENSIFICATION DU TEMPS DE TRAVAIL ET EXPOSITION AUX RISQUES PSYCHOSOCIAUX
À l’inverse, les études concordent pour mettre en lumière des effets négatifs parmi lesquels l’intensification du temps de travail, l’augmentation des troubles musculo–squelettiques (TMS), le workaholisme (investissement excessif dans son travail), le stress professionnel, les cas d’épuisement professionnel, le risque d’isolement (sentiment d’exclusion et moindre fréquence des échanges informels) ainsi que la perception négative ressentie en termes d’évolution de carrière, d’avancement et de promotions. Autant d’éléments qui concourent à une exposition aux risques psychosociaux (RPS).
IDENTIFIER LES EFFETS MODÉRATEURS
Globalement, plusieurs facteurs modérateurs sont identifiés pour réguler les effets du télétravail. Il s’agit notamment de la formalisation du dispositif, de l’intensité ou de la proportion du télétravail, du niveau de contrôle par le supérieur, de l’aménagement physique du poste de travail au domicile, de l’appui technique et matériel, du soutien organisationnel (supérieur, collègues) et du lieu de travail (exclusivement domicile vs espaces professionnels dédiés).
UN FORT ENJEU DE DIALOGUE SOCIAL
« Le télétravail, qui a fait l’objet, fin 2020, d’un accord national interprofessionnel (ANI) signé par les partenaires sociaux, est un outil organisationnel, résume Yann Hilaire. Négocié et réfléchi dans les entreprises et les branches professionnelles, il permettra d’améliorer la productivité et les conditions de travail. Mis en place de manière anarchique ou détourné de son utilité, il contribuera au développement des risques psychosociaux chez les salariés. »
« Le télétravail est un outil organisationnel. Négocié et réfléchi ds les entreprises et les branches, il pourra améliorer la productivité et les conditions de travail. Mis en place de manière anarchique, il contribuera au dvlpt des #RPS chez les salariés. » Y.Hilaire, CFE-CGC pic.twitter.com/vutdcjPWJV
— CFE-CGC (@CFECGC) December 1, 2021
FORMER LES SALARIÉS ET LES MANAGERS
Pour limiter les impacts négatifs du télétravail, l’expert CFE-CGC en appelle également à la formation des salariés et des managers, à des moyens permettant l’installation correcte du poste de travail des salariés au domicile, à la mise en place d’outils pour concilier les temps de vie, à l’adaptation des objectifs des collaborateurs ainsi qu’à un changement de paradigme du management en termes de contrôle et de confiance accordée aux collaborateurs.