Cet accord mixte qui agrège les sujets de l’égalité professionnelle entre les hommes et les femmes et la qualité de vie au travail, plus connue sous le sigle QVT, est un passage obligé et légal pour les entreprises. Quelles que soient les réalités vécues et les intentions les entreprises n’ont d’autre choix que de mener une négociation en vue d’aboutir à un accord signé avec les organisations syndicales.

Des élus CFE-CGC ont bien entendu participé aux réunions de négociation et soumis leurs préconisations et recommandations mais force est de reconnaître que la mouture finale de la proposition d’accord n’emporte pas notre assentiment, loin s’en faut. Quant aux apparences, rien à redire, l’accord est “propre”, structuré et reprend les thèmes obligatoires légaux en incluant bien les quatre thèmes d’action imposés par la législation. Embauche, formation et promotion professionnelles, qualification, sécurité et santé au travail, etc. Tout y passe mais ne fait justement, selon nous, qu’y passer.

Il manque cruellement à cet accord des objectifs impliquants, ambitieux – certes pas autant que les objectifs portant sur les aspects commerciaux et financiers… -, dénotant une authentique volonté de faire avancer la cause de l’égalité professionnelle entre les hommes et les femmes, d’une part, et la nécessaire qualité de vie au travail d’autre part. Quelque chose de foncièrement différent d’un catalogue de bonnes intentions et de vœux pieux. Nous prenons acte de l’ajout de dernière minute d’un journée, sécable en demi-journées, pour les salariés proche-aidant. Geste modeste mais geste quand même, nous en prenons note. Il n’en reste pas moins que la multiplication des chartes et accords (parentalité, violences conjugales, harcèlement moral ou sexuel, équilibre vie professionnelle et vie personnelle, lutte contre les discriminations et on en passe) ne prévaudront jamais sur un volonté réelle, sincère et profonde débouchant sur des actes destinés à faire réellement avancer les choses.

Un exemple parmi cent autres, l’Intranet. Lorsque l’on lit, page 22 du projet d’accord que l’Intranet Groupe permet de “s’informer sur les actualités et les mesures du groupe, de prendre la parole en partageant des points de vue sur tel ou tel sujet et d’échanger sur les communautés existantes”, on ne peut s’empêcher de souligner que nous sommes toujours le seul des trois majors de l’intérim à ne pas disposer d’un véritable Intranet dédié aux instances représentatives du personnel. Cette censure de fait contredit frontalement le bel engagement du projet d’accord.

Autre exemple, le fameux droit à la déconnexion, pour lequel le projet d’accord ne propose que de bonnes intentions telles que “Le manager doit jouer un rôle d’exemplarité et de sensibilisation en la matière et doit être le premier à appliquer les principes décrits dans le présent accord”. Une bonne intention qui n’est assortie d’aucun moyen de contrôle, ni d’aucune mesure contraignante. Il est d’ailleurs précisé un peu plus loin que “L’exercice du droit à la déconnexion ne peut en aucun cas être pris en compte dans l’évaluation du collaborateur”. Au moins, c’est clair. Nous notons par ailleurs, dans plusieurs passages dudit projet d’accord une tentative discrète, un rien sournoise, de renvoyer certaines responsabilités aux salariés, façon peu élégante de leur signifier qu’il leur revient d’être acteurs de leur qualité de vie et de leur bien-être au travail.

A peu près sur le même thème, nous bondissons lorsque nous lisons page 21 que “Les dispositions relatives au Télétravail eu sein de la société, en dehors de toute circonstance exceptionnelle (type crise sanitaire), font l’objet d’une charte signée le 9 Mars 2021 à durée indéterminée”. La formulation laisse à penser au lecteur distrait qu’existerait un accord d’entreprise dûment signé par les partenaires sociaux alors que celui-ci à été rejeté par vos élus et que seule subsiste une charte produite par l’entreprise.

Nous ne pouvons, cela serait fastidieux pour nos lecteurs, détailler ainsi les 31 pages du projet d’accord mais il nous est évidemment impossible de signer un tel projet alors que subsistent trop de zones d’ombre, de non-dits, de faux engagements et que nous déplorons un véritable manque d’engagement.

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