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Article paru le 22 avril 2022
Le trop-perçu résulte à l’origine d’une faute de l’entreprise, une erreur d’estimations, qui ne peut, selon nos dirigeants, se réparer qu’en ponctionnant les salariés concernés d’une partie de leur rémunération variable soi-disant indûment versée. La fin des trop-perçus faisait d’ailleurs partie de l’argumentaire de la direction pour imposer au forcing le système de variable dit Pyramide. A cela il nous est facile de rétorquer que le problème de récupération des trop-perçus demeure plutôt théorique avec Pyramide si l’on considère que le plupart des signataires de cet avenant ne percevront que de moins en moins voire plus du tout de part variable. Comme aurait pu l’affirmer le sieur de La Palice, ne plus verser de rémunération variable règle radicalement la question des trop-perçus. La direction semble avoir découvert le moyen fatal d’éliminer la reprise de trop-perçus en éradiquant tout simplement la rémunération variable.
Pour atténuer la dureté de la mesure, la direction propose une amnistie de 150 euros et le possibilité d’un échelonnement dans les remboursement. Si nos pouvons nous permettre cette remarque, la magnanimité de la direction perdra la direction. Plaisanterie mise à part, il est particulièrement navrant que la direction en soit encore à verser davantage de rémunération que les règles de calcul ne le permette pour ensuite aller faire les poches des salariés dont la rémunération stagne ou régresse depuis trop longtemps. En mai 2016, il y a donc six ans, dans l’article « Les trop-perçus sont et resteront une anomalie« , nous écrivions déjà « Ces anomalies doivent cesser au plus vite et il est aberrant qu’un système de rémunération ne puisse rémunérer plus précisément des salariés, quitte à ajuster en fin d’année, de semestre ou de trimestre ». Si l’on remonte dans le temps, en 2010, dans notre article « Et maintenant on retire des trop-perçus » nous nous indignions de cette pratique consistant à reprendre l’argent des salariés : « Il y a eu la chute des rémunérations, puis la suppression du modérateur à la baisse – au moment où il allait devenir utile sinon indispensable -, la modification à la baisse des taux d’intéressement et maintenant on reprend à certains des « trop-perçus ». En somme on vient faire les poches, pourtant presque vides, des salariés ! »
Qu’en douze ans nos brillants mathématiciens et autres directeurs de rémunération n’aient pu trouver une parade à ce faux problème interroge quand même, d’autant que les plus anciens parmi nous se souviennent quand même d’une rémunération dont le système reposant sur des prévisionnels ajustés au fur et à mesure évitaient aisément les trop-perçus.