On ne peut pas partir en vacances serein sans qu’une information incongrue ne vienne à un moment ou un autre vous rattraper et vous ramener en un instant au réel. On a beau limiter l’accès aux moyens de communication, éviter soigneusement les journaux télévisés, bien trop anxiogènes, n’acheter aucun journal pendant trois semaines… rien n’y fait. C’est un proche qui vous lance “Tu as vu les résultats Adecco ? Qu’est-ce qu’il se passe ? Vous vous cassez la gueule ?”. Et hop ! vous êtes déjà moins relax dans vos tongs.

En plein mois d’août, de préférence au début de vos vacances, la presse économique se met à titrer en gros et en gras “Adecco affiche un bénéfice net en baisse de 47% au deuxième trimestre”. Rien que ça ! Pour le coup, vous achetez quand même le canard du jour, juste pour savoir si ça vaut le coup de rentrer de vacances ou s’il vaut mieux vous reconvertir en loueur de pédalos ou en vendeur de chouchous-glaces-beignets sur les plages, professions saisonnières, certes, mais non dénuée d’avantages. Et là, c’est le soulagement en découvrant dans les colonnes dudit journal la colossale astuce journalistique. Le titre ne servait qu’à vous accrocher mais à la lecture de l’article les couleurs vous reviennent.

Le groupe suisse, numéro un ou deux mondial du travail temporaire et des ressources humaines, a publié un bénéfice net de 77 millions d’euros sur le second trimestre – pas encore la misère noire – et la dégringolade des résultats annoncée ne provient en fait que du coût astronomique de rachat de la société Akka. Sinon tout va bien et le chiffre d’affaires a bondi de 13% en regard de l’an dernier sur la même période, à 5,9 milliards d’euros tandis que la croissance organique s’est quand même élevée à +4% (nettement plus que l’augmentation des salaires ;-))

Des analystes financiers qui avaient dû forcer sur le pastaga tablaient quant à eux sur un bénéfice de 120 millions, ce qui fait quand même un sérieux gap, reconnaissons-le ! Ces distraits avaient juste oublié le 1,5 milliard d’euros levés pour acheter Akka, la plus grosse acquisition du groupe depuis sa fondation, une acquisition qui devrait permettre l’émergence d’un géant des services technologiques capable de jouer dans la cour des grands comme Cap Gemini, par exemple. Où avaient-ils la tête ! Encore une erreur d’appréciation de cette taille et ils pourront se reconvertir à la météo ou dans les horoscopes.

Fausse alerte donc mais nous implorons la direction d’éviter de nous faire des coups comme celui-là, surtout pendant la période estivale, et d’user de trésors de pédagogie auprès des analystes financiers. Cela évitera de saturer le marché de l’emploi des loueurs de pédalos, des vendeurs de plage, des météorologues et des voyants extra-lucides (ou non).

Suite à diverses remontées et de nouvelles informations complémentaires, mise à jour de notre article “Police et agent de sécurité pour protéger l’équipe d’une agence Onsite dans l’Est de la France

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