Nouveau système de rémunération : pourquoi faire simple… ?

La bonne nouvelle, c’est que nous avons fini par être entendus. Après une gréve, le 18 mai 2021, de nombreux articles, des tracts, d’innombrables interventions dans les instances et à tous les niveaux de l’entreprise, nous avons pour le moins contribué à la prise de conscience de nos dirigeants que le système Pyramide était à la fois injuste, démotivant, contre-productif et complexe. Donc, exit Pyramide que nous ne regretterons pas. Nous ne connaissons pas Monsieur ou Madame Pyramide mais s’il nous lit, qu’il sache qu’il nous aura donné bien du fil à retordre.

A propos de complexité, le nouveau système qui, prudemment, n’a pas été nommé – il se trouve toujours des plaisantins pour railler les appellations – n’a rien à envier au précédent. Nos collègues issus des filières littéraires se contenteront sans doute de prendre ce qu’il leur sera (éventuellement) versé au début du mois au titre de la part variable, sans chercher à comprendre les méandres mathématiques ayant présidé à sa détermination. Pour d’autres, issus de filières scientifiques de type Math Sup, de préférence Math Spé ou, mieux encore, prépa de grandes écoles, il est proposé une intéressante épreuve logico-mathématique dans la série “Comprendre ma rémunération”.

Vos élus CFE-CGC au CSE Central ont assisté, mercredi 25 janvier, à une présentation “Profit sharing 2023“. Yeeaaahh ! Heureusement pour les américanophobes, anglophobes et assimilés, ladite présentation était sous-titrée “Rémunération variable 2023”. Dès la première page de présentation, il est insidieusement affirmé que grâce à Peakon et au Adecco Tour (concerts prévus dans toutes les villes de plus de 20 000 habitants), la direction vous aurait entendus. Évidemment, aucune mention de nos actions et communications multiples. Un peu comme si nous n’avions rien dit, écrit, ni fait depuis plus de deux ans. Voilà qui présage mal des intentions du concepteur de ce Powerpoint. Passons. Puis, après cette mise en bouche, sur la même diapo, nous passons au mensonge pur et dur puisqu’il est évoqué un partage de la valeur. Depuis quand une modeste part de rémunération variable entre-t-elle dans le champ du partage de la valeur, concept certes très en vogue mais dont la réalité demeure de façon générale pour le moins timide et en tout cas inexistante chez Adecco ?

La bonne nouvelle de cet énième et nouveau système de calcul de rémunération variable qui concernera Solution, les Centres de services, Career Center et les fonctions support, à l’exclusion des autres entités, c’est qu’il reposera sur la MOP (les accrocs aux acronymes comprendront), ce qui peut paraitre plutôt positif sous réserve des autres items et paramètres modérateurs, évidemment. Les concepteurs du système n’ont pu s’empêcher de conserver le critère parts de marché dont le l’effet motivant nous parait plus que douteux et c’est un euphémisme (cf. l’année 2022). Le troisième levier sera constitué des OSI (objectifs stratégiques individuels). Jusqu’à ce point, cela pourrait sembler propre surtout si nous considérons le versement de la part variable indexée sur la MOP, au premier euro, mensuellement et déplafonné. Mais c’est après que les choses se gâtent.

Nous passerons sur le contexte agence revu chaque année en fonction du budget et le recalcul du taux, notamment en cas de révision budgétaire. Passons aussi sur les booster-débooster PDM indexés sur l'”ambition” pour le moins ambitieuse (20% de PDM). Quant au pilotage des OSI, rien de plus fastoche : il nous est précisé que c’est “X% du variable cible (=30% du variable Pyramide), fixé au semestre, évalué au trimestre cloisonné (fonctions support fréquence annuelle) et piloté via Beqom. Pour le Doliprane, attention de ne pas dépasser la dose prescrite… On remarquera au passage la modification subreptice de la définition de la marge brute opérationnelle à laquelle est subrepticement soustrait, pour 2023, le WACC (un WACC que nous savons surévalué par rapport à la profession)… Que voulez-vous, on ne change pas… Que dire à notre direction si ce n’est lui répéter encore que la confiance ça se mérite.

Nous en resterons là sur ce site ouvert à tous les publics et laissons à chacun le soin de déguster en esthète les présentations déclinées dans les Directions opérationnelles et zones. En synthèse, des avancées indéniables apparentes mais vite annihilés par certains critères et question simplification il nous faudra sans doute attendre encore un peu. Mais, comme dirait l’autre, pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? Attendons donc le prochain système de rémunération variable qui ne saurait tarder.