Notre analyse de cet article :
Il y a deux lectures possibles et sans doute complémentaires de cet article. La première peut consister à se féliciter de ce taux d’emploi des seniors, record absolu depuis 48 ans, près d’un demi-siècle, ce qui n’est pas rien. Mais on ne peut s’empêcher en même temps de penser que l’ensemble des mesures régressives prises sur cette période, notamment le rallongement de la durée de travail, ont été prises au détriment de la très importante partie de nos concitoyens qui n’étaient déjà plus en situation d’emploi. Rallonger la durée de travail revient toujours à baisser drastiquement les pensions de tous ceux qui n’ont pas réussi à se maintenir dans l’emploi le temps suffisant pour bénéficier d’une retraite à taux plein.
Ceci dit, une fois ce premier constat positif posé, on peut faire remarquer que si 59,7% des 55 à 64 ans sont encore en activité (même dégradée, en sous-emploi et/ou à temps partiel subi), 40% ne le sont plus. Ce chiffre est un record positif nous dit-on, mais ce sont quand même près de la moitié des salariés auxquels manqueront cruellement un certain nombre de trimestres lorsque sonnera l’heure de la retraite. Ce sont aussi 25% des salariés qui ne sont ni actifs, ni retraités dès 60-61 ans.
En résumé sur ce sujet sur lequel nous avons déjà souvent communiqué sur ce site (taper “retraite” dans la barre de recherche), saluons cette belle progression du taux d’activité des plus de 55 ans et des seniors en général mais répétons et réaffirmons que rallonger la durée du travail jusqu’à 64 ans, c’est accroitre la pauvreté des retraités auxquels manqueront encore davantage de trimestres. Après avoir gravement appauvri les demandeurs d’emploi avec la réforme de l’assurance-chômage, ce sont maintenant les retraités que le gouvernement s’apprête à faire payer, et au prix fort, par la réforme en cours. Répétons aussi que ces 64 ans ne sont qu’une étape pour nos maîtres de Bruxelles puisque leur objectif demeure 70 ans avec d’éventuels paliers intermédiaires à 65 et 67 ans. (NDLA)
En 2021, on a observé le taux d’emploi des seniors le plus élevé depuis 1975 : 59,7 % des personnes de 55 à 64 ans en activité. Chez les seniors en emploi, la part de temps partiel augmente avec l’âge. C’est l’un des principaux constats de l’étude sur les seniors sur le marché du travail en 2021, publiée par la Dares le 12 janvier 2023.
Un taux d’emploi en forte diminution après 60 ans
Le taux d’emploi diminue nettement avec l’âge.
Ainsi, en 2021, il atteint :
- 81,8 % pour les 25-49 ans ;
- 75,1 % pour les 55-59 ans ;
- 35,5 % pour les 60-64 ans.
Cette baisse est notamment la conséquence des transitions progressives vers la retraite :
- Jusqu’à 55 ans, la part de personnes en retraite est marginale ;
- Alors qu’à 60 ans, une personne sur six environ est retraitée ;
- Deux sur trois le sont à 63 ans.
La part de seniors qui ne sont ni en emploi ni en retraite croît progressivement avec l’âge jusqu’à 60-61 ans. Puis elle se réduit rapidement, témoignant là aussi de transitions vers la retraite.
- Cette augmentation jusqu’à 60-61 ans résulte principalement de la hausse de la part d’inactifs non retraités, qui passe de 15 % à 55 ans à 25 % à 60-61 ans.
- La part de personnes au chômage reste relativement stable jusqu’à 61 ans, autour de 5 %, et diminue dès l’âge légal d’ouverture des droits à la retraite à 62 ans.
- Sur l’ensemble des 55-64 ans, la part des personnes en emploi augmente de 7,7 points entre 2014 et 2021.
- Symétriquement, la part des inactifs, principalement des retraités, perd 7,6 points.
Ce repli est pour partie dû à l’augmentation progressive du nombre de trimestres de cotisation ouvrant les droits à la retraite à taux plein, suite aux réformes successives et au décalage de l’âge légal d’ouverture des droits de 60 à 62 ans entre mi-2011 et début 2017.
Ce phénomène est encore plus important pour les 60-64 ans, plus directement concernés par la réforme. Ainsi :
- Le taux d’emploi s’accroît de 8,9 points ;
- La part d’inactifs recule de 9,6 points ;
- La part d’inactifs parmi les 55-59 ans se replie également entre 2014 et 2021, de 5,1 points, même si la réforme des retraites les concerne moins directement.
Un taux de chômage des seniors plus bas que celui de l’ensemble des actifs
En 2021, 56 % des personnes de 55 à 64 ans sont en emploi et 59,7 % en activité. Ces taux sont au plus haut depuis 1975. Ils diminuent avec l’âge, en raison des départs en retraite.
À 6,3 %, le taux de chômage des seniors reste plus bas que celui de l’ensemble des actifs, même si l’écart se réduit depuis 2003.
Entre 2014 et 2021, la part des seniors en emploi augmente de 7,7 points, tandis que celle des retraités diminue, suite aux réformes des retraites.
Chez les seniors en emploi, la part de temps partiel augmente avec l’âge, principalement car ceux qui cumulent avec leur retraite y recourent davantage que les autres. En revanche, la part du sous-emploi ne varie pas avec l’âge.
Davantage de recours au temps partiel avec l’âge, porté par le cumul emploi-retraite
En 2021, chez les seniors en emploi, le recours au temps partiel augmente avec l’âge. Il concerne 50 % des 65-69 ans en emploi. C’est une proportion supérieure de :
- 20 points à celle des 60-64 ans ;
- 30 points à celle des 55-59 ans.
En revanche, la part du sous-emploi, qui rapporte le nombre de personnes souhaitant travailler plus à celui des personnes en emploi, est similaire d’une tranche d’âges à l’autre.
Les seniors ne semblent donc pas être plus contraints à exercer un emploi à temps partiel lorsque leur âge augmente.
Position des seniors dans l’Union européenne
En 2021, le taux d’emploi des seniors en France est inférieur à celui de la moyenne de l’Union européenne, qui est de 60,5 %.
En effet, ce taux est en-dessous :
- De la Suède ;
- L’Allemagne ;
- Du Portugal.
Il est en revanche plus haut que celui de :
- L’Espagne ;
- La Belgique ;
- L’Italie.
Les femmes seniors sont moins souvent en emploi que les hommes
En 2021, parmi les 55-64 ans, les taux d’emploi et d’activité sont plus bas pour les femmes (respectivement 54,3 % et 57,9 %) que pour les hommes (57,7 % et 61,7 %).
En France, le taux d’emploi des femmes seniors est égal à la moyenne européenne, alors qu’il est inférieur de près de 10 points pour les hommes.
En 2021, le taux de chômage des 55-64 ans est légèrement plus faible chez les femmes seniors : 6,1 % contre 6,5 % chez les hommes. Ces derniers sont plus souvent en retraite (27,7 % contre 24,5 %) et les femmes plus fréquemment inactives sans être pour autant retraitées.
Les femmes seniors en emploi sont davantage à temps partiel (32 % d’entre elles contre 11 % des hommes) et en situation de sous-emploi (7,8 % contre 4,3 %).
Cliquer ICI pour consulter l’étude de la Dares
Source : CSE Matin