Le populisme est le moyen de propagande par lequel un dirigeant
politique désigne une catégorie sociale à la vindicte des autres et ce
afin de détourner leurs regards de la nature des vrais problèmes.
L’opération de communication engagée en plein mois d’août par le
gouvernement, relayée par quelques éditorialistes et députés en service
commandé concernant la dégressivité des allocations chômage pour les
cadres, relève exactement de ce procédé nauséabond.
L’assurance
chômage est un système assurantiel et contributif. Aux données de 2017,
42 % des ressources du régime sont assurées par les cotisations sur les
salaires des cadres. Ces derniers concentrant, pour leur catégorie, 15 %
des dépenses en allocations. Ainsi, les cadres contribuent à hauteur de
27 % à la solidarité inter-catégorielles qui permet au régime d’exister
et de donner des allocations à toutes les catégories et notamment les
plus exposées au risque du chômage.
La dégressivité des
allocations est inefficace sur le plan économique et néfaste sur le plan
social. Raison pour laquelle le principe de dégressivité a été
abandonné en France comme dans beaucoup de pays d’Europe. Poussé qu’il
est d’accepter un emploi sans rapport avec ses qualifications, un
salarié au chômage bascule beaucoup plus vite dans la précarité sociale.
Consulter les travaux des experts scientifiques sur ce sujet éviterait à
beaucoup de temps et de salive perdus à colporter les bonnes idées de
coin de bar qui font l’attrait du café du commerce pour tous ceux à qui
gouverner la France n’impose pas de prendre un peu de hauteur.
Désigner
la catégorie des « cadres », la plus contributive au régime, comme une
source disponible à générer des économies, est le signe de la misère
intellectuelle du populisme le plus vulgaire. Des gisements immenses
existent aux économies pour pérenniser le régime. En premier, les 4
milliards liés à l’usage abusif de la « permittence ».
Les
économies, elles, se feront naturellement en réduisant fortement les 300
jours d’inscription en moyenne au chômage avant un retour durable dans
l’emploi. Il faudra pour cela des moyens et une volonté stratégique qui
font cruellement défaut à la direction de Pôle emploi. Travailler sur
l’encadrement et la requalification des chômeurs, libérer les
conseillers de Pôle emploi d’une gestion par les coûts et les
indicateurs, voilà quelques clés pour produire un effet positif sur le
niveau d’emploi en France.
Mais il faut pour cela sortir de la
politique des lieux communs et des idées reçues. Il nous semblait
jusqu’alors que le populisme et ses vielles recettes grossières
faisaient partie des « tabous » de ce gouvernement. On sait désormais
que non.