Augmentation-massue de notre mutuelle santé : le choc !

L’affaire passerait comme une lettre à la Poste – expression datant du temps ou elle acheminait la totalité du courrier en vingt-quatre heures – si nous n’étions pas là, dans notre rôle, à informer et alerter à temps et à contretemps nos collègues Adecco. Lors du dernier CSE Central, mercredi 10 mai, nous avons appris avec stupeur l’incroyable augmentation de la cotisation salariale de notre mutuelle santé Mercer.

L’argumentaire était bien préparé mais sans trop de fioritures et il serait question, selon une direction visiblement embarrassée, des régimes du groupe Adecco qui ne seraient pas “à l’équilibre”, engendrant un déficit significatif des résultats des frais de santé selon des projections sur l’année 2023. Il nous fut aussi évoqué les conséquences de la crise dite sanitaire de l’étrange SARS-CoV2, la fin de la convention dentaire assortie d’une revalorisation de 50 actes et d’un déremboursement de 23 autres. Sans parler d’une inflation officielle des prix à la consommation de 6,1% selon l’INSEE (Institut National des Sous-Estimations Excessives ?) mais dont chaque ménagère – ou mari, compagnon, ami, soyons vigilants sur la parité par les temps qui courent – de plus ou moins cinquante balais se moque bien puisqu’elle constate chaque jour par elle-même des hausses sur les produits alimentaires de 20, 40, 60… et parfois plus de 100%.

Asseyez-vous confortablement avant de lire la suite puisque nous entrons dans le vif du sujet. Commençons par la bonne nouvelle : les célibataires ou concubins non déclarés (avec ou sans enfant(s)) dont la rémunération se situe en-dessous de  4000 € mensuels ne subiront pas la moindre augmentation de leur cotisation à la mutuelle Mercer, malgré l’inflation et tout ce qui suit ci-dessous.

En revanche, mauvaise pioche pour les salariés avec conjoint(e) (avec ou sans enfant(s)) puisqu’il leur sera appliqué, dès le 1er juillet, une augmentation de 33 euros chaque mois quel que soit leur salaire (et même 35 € à partir de 6 000 € mensuels). Dans l’exemple du salarié rémunéré à 3 000 € mensuels, la cotisation salariale passera donc, dans moins d’un mois et demi, de 85,96 à 118,95 €. Notons que la participation patronale demeure inchangée à 55,77 € et que l’entreprise ne prend donc pas pas le moindre fifrelin d’augmentation à sa charge.  La cotisation globale, cotisations salariales et patronales passe de 141,73 à 174,72€, soit une augmentation de 23%. Profitons ici de cet exemple pour rappeler notre désaccord sur des niveaux de cotisation conditionnés à la rémunération. Pourquoi ne pas indexer le prix du menu au restaurant, celui d’une automobile ou de sa révision, des vêtements, le coiffeur ou dix mille autres produits et services. Si tel était le cas, à quoi bon gagner (un peu) plus si c’est pour se faire plomber partout ?

Il s’agit donc, pour le salarié marié ou pacsé d’une augmentation brutale de 38,4% de sa cotisation. Du jamais vu dans le domaine de l’assurance-santé dont les hausses tarifaires sont généralement plutôt modérées, le plus souvent de l’ordre de un, deux ou quelques pourcents. Argument de l’assureur relayé par notre direction : on déplorerait une surconsommation des conjoints. Nous n’irons pas jusqu’à prétendre que c’est la vie Adecco qui rend à ce point malade les époux et épouses de nos vaillants collègues mais on ne peut que s’interroger sur ce curieux constat.

On observera avec attention le choix de notre direction et de son fournisseur Mercer lui-même soumis au groupe d’assurance AXA, de ne pénaliser que les couples et les familles qui devront donc débourser 33 euros chaque mois pour maintenir leur assurance-santé à un niveau équivalent tandis que les célibataires et couples non déclarés sont affranchis de toute augmentation. Le message est-il suffisamment clair ? Surtout lorsque l’on constate le refus de notre direction d’envisager une mutuelle familiale. Poussée toujours plus avant par la passivité du plus grand nombre, la finance continue à avancer toujours plus loin ses pions. Logique, la vie est un rapport de force.

Nous laisserons le dernier mot à Thomas Buberl, Directeur général d”AXA : « Le Groupe se porte très bien, avec des résultats d’excellente facture dans tous les domaines, dont un résultat opérationnel par action de 3,08 euros, en hausse de 12%, un ratio de solvabilité II à 215%, et un niveau de trésorerie disponible à la holding de 4,5 milliards d’euros“. Ajoutant, un peu plus loin “Compte tenu de notre très bonne performance en 2022 et de la solidité de notre bilan, le Conseil d’Administration propose aux actionnaires un dividende de 1,70 euro par action, en hausse de 10%, et a de nouveau approuvé le lancement d’un programme de rachat d’actions pour un montant maximal de 1,1 milliard d’euros.“Par ailleurs, le groupe français AXA a annoncé viser un résultat opérationnel de 7,5 milliards d’euros cette année.

Quant à nous, salariés Adecco, il nous reste à débourser 400 euros de plus chaque année, 396 pour être tout à fait précis. Dans un contexte de gel des salaires pour les cadres, d’augmentations insuffisantes pour les non cadres (cf. NAO 2022-2023) et sans la moindre contribution de l’entreprise pour contrebalancer, même un peu, les conséquences de l’inflation. C’est à l’évidence un degré de plus dans la paupérisation.