Décidément, il n’y a pas que chez Adecco que les cadres font plutôt figure de mal-aimés. Selon des révélations du quotidien Le Parisien, l’exécutif préparerait un énième mauvais coup à l’encontre des cadres en matière d’assurance-chômage. Employons pour l’instant le conditionnel mais l’affaire semble bien avancée sinon conclue puisque les nouvelles mesures arrêtées s’appliqueront dès le 1er juillet et sans la moindre velléité de dialogue avec les partenaires sociaux qui devront se contenter d’une réunion d’information descendante en mai, suivie d’un décret. Apparemment, on ne change guère plus une équipe qui perd que ses méthodes.

L’idée “géniale” de l’attelage Premier ministre-ministre du Travail, en l’occurrence de Gabriel Attal et Catherine Vautrin, consisterait à dépouiller encore un peu plus les cadres de leurs droits à l’assurance-chômage en allongeant le différé d’indemnisation spécifique. En Français courant, cela signifie qu’il sera sans doute imposé aux salariés cadres licenciés ou signataires d’une rupture conventionnelle, un recul de la date d’indemnisation plus important encore que celui actuellement pratiqué.

Aujourd’hui, le différé d’indemnisation représente un délai de plusieurs semaines à plusieurs mois, jusqu’à six au maximum, durant lequel le cadre est prié de vivre de son indemnité négociée ou non. Lui, proportionnellement le plus important contributeur à l’assurance-chômage, doit en effet patienter, parfois jusqu’à six mois, avant de percevoir le moindre centime de l’assurance-chômage. Le délai est calculé selon la somme reçue en guise de transaction ou quand l’indemnité de rupture dépasse le minimum légal ou conventionnel et donc, mieux vous négociez et moins d’assurance-chômage vous percevez, après y avoir cependant copieusement cotisé. Cette arnaque légale semble bien enracinée dans les mœurs depuis belle lurette et ne même plus faire débat, ni l’objet de la moindre réserve.

Ce délai de six mois pourrait se trouver allongé encore, rendant définitivement superfétatoire toute négociation à l’occasion d’une rupture du contrat de travail. C’est donc un mauvais coup supplémentaire qui se prépare contre les cadres, ces éternels pigeons qu’il convient, semble-t-il, de plumer sans relâche au nom d’un hypothétique comblement des déficits sociaux. Passons sur l’argument tarte à la crème d’une mesure qui inciterait les demandeurs d’emploi à reprendre une activité plus rapidement : connaissez-vous beaucoup de cadres dans votre entourage personnel et professionnel qui, après une rupture dans leur parcours professionnel, s’adonnent délibérément à la glandouille ?

D’autres pistes d’économie sont évoquées ici et là et notamment la réduction de la durée d’indemnisation (aujourd’hui 18 mois), l’allongement de la durée de travail nécessaire pour bénéficier de l’assurance-chômage, la dégressivité des allocations… Le manque d’imagination semble solidement implanté au pouvoir.
Mais, dans cette course à la paupérisation pour tous, ce sont encore une fois les cadres, les soi-disant plus aisés et “nantis” des salariés qui devraient le plus trinquer. Cette démagogie de bas niveau voire de caniveau procède toujours d’une même volonté de niveler par le bas et de “prendre aux riches”. Des riches plafonnant souvent à 2 500 ou 3 500 balles par mois, taillables, corvéables à merci et victimes privilégiées et même prioritaires des erreurs stratégiques des entreprises et autres plans dits sociaux ou carrément foireux ! Décidément, la tiers-mondisation du pays semble ne pas devoir s’infléchir de sitôt.

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