« meilleur de l’année »
Comme chaque année, Adecco vient d’ouvrir l’enquête GPTW afin de savoir si, pour ses salariés, elle ne serait pas devenu the great place to work, le meilleur endroit où travailler. Le défi est de taille et la route encore longue si l’on se réfère aux résultats des années précédentes, invariablement décevants (c’est un euphémisme) malgré de petites fluctuations. Aux plus curieux, désireux de découvrir ou de relire nos nombreux articles sur le sujet, nous conseillons de taper “GPTW” dans la barre de recherche de ce blogue
en 1981 par une maison d’édition new-yorkaise et déployée aux
États-Unis en 1997 par Robert Levering et Milton Moskowitz l’enquête
GPTW est aujourd’hui diffusée dans près de 60 pays. Basé à San
Francisco, le siège est dirigé par Michael Bush. Un patronyme porteur en
son temps…En janvier 2014, dans notre article GPTW, l’enquête fantôme, nous avions d’ailleurs dénoncé l’américanolâtrie pesante de l’enquête en observant que “L’esprit, l’approche et
la méthodologie demeurent fortement anglo-saxons comme le prouvent très
clairement les classements nationaux et internationaux. Si l’on prend le
dernier classement mondial disponible, celui de 2013, sur les douze
premières places figurent onze entreprises américaines et une
britannique.” Reconnaissons que le cabinet GPTW s’est amendé depuis,
n’hésitant plus à récompenser quelques entreprises de leur
outre-Atlantique.
pour toute enquête, l’incontournable question de sa confidentialité
revient régulièrement et nombreux sont les salariés qui préfèrent
s’abstenir de participer ou édulcorent leurs réponses au cas où…
L’entreprise se veut rassurante et nous vante la confidentialité des
réponses au questionnaire mais qu’en est-il vraiment ? Nous avons
soulevé, en mars dernier, un lièvre de taille en révélant que, pour la
première fois à notre connaissance, un Directeur d’agence avait été très
oficiellement licencié pour mauvaises réponses de son équipe à
l’enquête GPTW.
Une enquête anonyme et neutre sinon rien
Dans notre article “Problème de confidentialité et d’utilisation de GPTW“,
vous trouverez les détails de cette affaire qui aurait dû provoquer un
véritable tollé, un hourvari mémorable. Mais nous n’avons hélas
rencontré, de part et d’autre qu’un étrange et pesant silence. Était-il
normal de se taire lorsque nous écrivions, preuves à l’appui “Un
directeur d’agence s’est récemment vu convoquer à un entretien
disciplinaire sur la base d’un dossier particulièrement vide et sans que
la moindre faute professionnelle puisse lui être évoquée. Il n’empêche
que le seul reproche un peu consistant qu’ait pu lui asséner son
hiérarchique concerne les réponses de son agence à GPTW. Des réponses
trop négatives selon la direction. Et comme ces réponses déplaisent,
c’est forcément que ce Directeur d’agence n’est qu’un piètre manager,
n’est-ce pas ?” .L’entreprise
aurait pu démentir nos propos, apporter des contre-arguments,
expliquer, rassurer… mais elle ne l’a pas fait. Personne n’a jugeé bon
de relever et commenter ce scandale inédit.
Un
cadre ancien et compétent, père de famille, atteignant ses objectifs et
très apprécié de son équipe – tous ont écrit pour manifester leur
soutien inconditionnel – a donc été licencié au motif que son équipe
s’était montrée trop critique vis-à-vis de l’entreprise dans ses
réponses au questionnaire. C’est écrit noir sur blanc.Un homme (ou une
femme) averti(e) en vaut au moins deux ! En conséquence, nous n’appelons
pas ouvertement au boycott de l’enquête mais mettons chaque salarié, et
notamment les cadres, devant ses responsabilités.
Enfin, last but not least
(c’est contagieux !), diverses remontées du terrain nous font état de
consignes données (verbalement) afin de répondre positivement à
certaines questions, notamment les 64 et 84. Au train où vont les
choses, d’ici quelques années, les salariés recevront sans doute une
liste des réponses à apporter à l’ensemble du questionnaire…Ce serait
un moyen infaillible sinon éthique d’obtenir des réponses plus
flatteuses et de remonter dans un classement jusqu’ici trop cruel.