sur les cadres pour mieux appréhender les spécificités de cette
catégorie de salariés. En voici les principaux enseignements.
En tant que profession et catégorie socioprofessionnelle (PCS) dénombrée
par la statistique publique, « les cadres et professions
intellectuelles supérieures » regroupent les cadres salariés du privé,
du public et les professions libérales. Définis ainsi, ils sont passés,
en France métropolitaine, de 3,6 millions en 2003 à plus de 4,6 millions
en 2016.
D’autres chiffrages sont également disponibles :
— En 2017, l’Association générale des institutions de retraite
complémentaire des cadres (AGIRC) comptabilisait 3,7 millions de cadres
et « assimilés cadres » dans le secteur privé, définis par leur
affiliation au régime complémentaire de retraite obligatoire des cadres.
— L’Association pour l’emploi des cadres (APEC) recense quant à elle 3 millions de salariés cadres du privé.
Une définition unique et commune de la catégorie des cadres n’existe
pas, même si plusieurs déterminants permettent de dire qu’ils ont en
commun :
— Un système de retraite complémentaire dédié avec l’AGIRC depuis 1947.
— Des collèges électoraux spécifiques au sein des comités d’entreprise depuis 1946.
— Une section de l’encadrement dans les conseils de prud’hommes depuis 1979.
— Un syndicat catégoriel (la CFE-CGC, syndicat des cadres et de l’encadrement).
— Un organisme spécifique d’aide à la recherche d’emploi (APEC).
— Un mode de décompte du temps de travail, les « conventions de forfaits
» (en heures ou en jours sur l’année), introduits au début des années
2000 et qui leur ont d’abord été réservés.
— Des repères pour leur définition au niveau des branches professionnelles voire des entreprises, proposés par l’accord national interprofessionnel (ANI) de 2020 signé par l’ensemble des organisations syndicales représentatives dont la CFE-CGC.
3. Leur rôle d’encadrement s’estompe
Lorsqu’on cherche à décrire le rôle des cadres, le fait de manager des
salariés apparaît comme un critère central. Dans l’étude de France
Stratégie, ce critère renvoie aux tâches suivantes :
— Coordonner l’activité d’autres salariés.
— Être responsable de leur activité.
— Organiser leur programme de travail.
— Être chargé de leur montrer comment le travail doit être fait.
— Surveiller la qualité de leur travail ou le respect des délais.
Mais alors que ce rôle semblait être réservé aux cadres dans
l’organisation du travail fordiste des années 1950, une lente
dissociation s’est produite au fil du temps et des changements
d’organisation : d’une part, tous les cadres n’encadrent pas, notamment
les cadres experts ; d’autre part, tous les encadrants et managers
d’équipe au sens large ne sont pas forcément des cadres statutairement.
En 2016, 68 % des cadres salariés d’entreprise supervisaient le travail
d’autres salariés (contre 34 % pour les non-cadres), d’après la Dares
(ministère du Travail).
4. Ce sont en moyenne des quadras et le pourcentage de femmes augmente
Les cadres sont en moyenne plus âgés (43,7 ans) que les autres actifs
(41,8 ans). Ce sont toujours majoritairement des hommes même si, depuis
2003, la part des femmes a progressé de 5 points pour dépasser les 40 %
en moyenne. La féminisation est plus avancée pour les cadres du public —
où les femmes sont même majoritaires — tandis que les hommes
représentent encore les deux tiers des cadres du privé en 2016 (contre
près des trois quarts en 2003).
5. Une forte corrélation avec le diplôme
Être diplômé de niveau bac + 5 accroît très fortement la probabilité
d’être cadre : le diplôme est alors une modalité d’accès quasi direct à
ce statut, dès le début de carrière. Être diplômé de niveau bac + 2 ou +
3 accroît également la probabilité d’être cadre, par rapport à une
personne de niveau bac, mais dans une proportion nettement moindre. Pour
ceux-là, l’accès au statut de cadre est a priori moins systématique ou
rapide et relève plus d’une trajectoire progressive d’accession à des
postes de responsabilité.
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en contrat à durée indéterminée (CDI), alors que ce n’est le cas que
pour 73,7 % des non-cadres. L’ancienneté dans l’emploi des cadres reste
également élevée et a légèrement augmenté depuis 2003. Elle s’accompagne
aussi d’une moindre exposition au chômage : en 2019, le taux de chômage
au sens du Bureau international du Travail (BIT) était de 3,5 % pour
les cadres, 4,7 % pour les professions intermédiaires, 9,2 % pour les
employés, 12,4 % pour les ouvriers et 8,4 % pour l’ensemble.
nombre moyen d’heures de travail plus important que les non-cadres. En
évolution, leur durée effective moyenne annuelle de travail s’est accrue
d’environ 70 heures entre 2003 et 2016. Cette tendance est
particulièrement marquée pour les cadres de la fonction publique et les
professions intellectuelles ou artistiques, beaucoup plus modérée pour
les cadres du privé et même inverse pour les professions libérales qui
voient leur durée annuelle baisser depuis 2003.
grande maîtrise de leurs horaires (qui s’explique notamment par le
régime des forfaits-jours et heures). En 2013, 42 % des cadres
déclaraient déterminer eux-mêmes leurs horaires, contre seulement 14 %
pour l’ensemble des salariés. Cette latitude s’accompagne aussi d’une
grande perméabilité entre sphère professionnelle et privée. En 2016, 59 %
des cadres d’entreprise déclaraient emporter régulièrement du travail à
la maison, contre 28 % des professions intermédiaires ou 12 % des
employés.
avoir un impact financier important sur leur employeur est globalement
stable entre 1998 et 2013 (77 %). Il reste supérieur de plus de 10
points à celui des non-cadres. La notion de responsabilité ne se réduit
pas à la responsabilité financière, mais les sources utilisées par les
études de France Stratégie ne permettent pas de mesurer d’autres
dimensions, notamment celles d’ordre managérial ou juridique. Cela dit,
les auteurs précisent que « c’est peut-être dans cette dimension de
responsabilité, liée à la position particulière qu’occupe le cadre entre
la direction et l’ensemble des autres salariés, que réside aujourd’hui
sa plus grande spécificité. »
leur mission (contre 26 % pour les professions intermédiaires, 23 % pour
les employés et 6 % pour les ouvriers) et 13 % considèrent travailler
toujours sous pression (contre 8 % des non-cadres). Mais en évolution,
constate France Stratégie, la tendance est plus complexe à décrire :
certains signes d’intensification du travail existent jusqu’en 2013,
mais d’autres indicateurs pointent vers un moindre sentiment de pression
depuis plusieurs années pour l’ensemble des salariés et en particulier
chez les cadres.
se dépêcher recule continûment depuis 1998, selon des études de la
Dares, et la charge mentale, appréciée par le sentiment de travailler
souvent sous pression ou de devoir penser à trop de choses à la fois,
aurait diminué entre 2013 et 2016.
complet (public et privé) est environ le double de celle des non-cadres
depuis quinze ans. Mais ce ratio a légèrement baissé entre 2003 et 2016.
Au-delà du niveau de salaire stricto sensu, cadres et non-cadres se
distinguent par le mode de formation et par la composition de leur
rémunération. La latitude de négociation des salaires réels par rapport
aux minima des conventions collectives semble plus grande pour les
cadres. Ils sont plus concernés par l’individualisation des
revalorisations salariales ou par diverses formes de rémunérations
variables. Ils bénéficient davantage des dispositifs d’épargne salariale
et de mesures particulières en termes d’indemnités de licenciement ou
de mise à la retraite par exemple, tout comme de couverture prévoyance
décès ou santé.