Article relevé sur WK-CE 
Enfin… Article qui confirme un certain nombre de craintes et d’alertes souvent évoquées sur ce blogue. L’utopie d’un allongement de la durée de travail en prend ici un sacré coup. Comme nous l’avons souvent écrit, le mythe du “travailler plus longtemps” se résume trop souvent à une inquiétante évolution de la pauvreté. En voici, hélas, l’aveu et les preuves.
 
Le report de l’âge de la retraite induit des transferts de charges sur d’autres dispositifs sociaux
 
Quel serait l’effet macroéconomique d’un relèvement de l’âge d’ouverture des droits à la retraite de 62 à 63, 64 ou 65 ans ? 

C’est à cette question que le Conseil d’orientation des retraites
(COR) a tenté de répondre au cours de sa séance plénière du 19 octobre
2016 en examinant les conséquences actuelles du recul de l’âge de la
retraite de 60 à 62 ans décidé en 2010. Il constate un effet report
important sur les autres dispositifs sociaux (invalidité, chômage,
minima sociaux).


Dans le cadre de sa réunion plénière du 19 octobre, le COR a
examiné les conséquences macroéconomiques d’un report de l’âge de la
retraite. Le relèvement de l’âge d’ouverture des droits à la retraite de
un, deux ou trois ans aurait un effet positif sur le nombre de seniors
qui resteraient en emploi, induirait une hausse de 0,7 point du PIB et
une baisse des dépenses de retraite, estiment les économistes. Dans le
même temps, ce relèvement induirait des effets négatifs sur les autres
dispositifs existants que sont les dépenses d’invalidité, de chômage ou
de minima sociaux. « De fait, près d’une personne sur trois n’est ni en
emploi, ni à la retraite aux alentours des 60 ans […]. La majorité
d’entre elles sont dans une situation de chômage ou d’invalidité ;
d’autres sont couvertes par un minimum social ou ne touchent aucun
revenu personnel ».


Transfert sur d’autres dépenses


Selon la Drees, plus la population vieillit plus la probabilité
de recevoir une pension d’invalidité augmente. Ainsi, elle a évalué que
la réforme des retraites de 2010 conduira à une augmentation de 20 % à
25 % des effectifs d’invalides à l’horizon 2017 et à une hausse des
dépenses comprise entre 23 % et 27 %, soit un surcoût d’environ 1,2 à
1,5 milliard d’€.


Concernant le nombre de chômeurs indemnisés âgés de 60 et 61 ans,
il a plus que doublé entre 2008 et 2015 du fait notamment de l’arrivée
de chômeurs plus âgés qui, faute de retrouver un emploi, attendent l’âge
d’ouverture des droits à retraite qui, lui, a été repoussé.


Les effets report portent également sur les minima sociaux que
sont le RSA, l’AAH et l’ASS. La tendance est à une augmentation de la
proportion des bénéficiaires de ces minima sociaux âgés de 60 et 61 ans
au cours des dernières années, indique la Drees. La proportion
d’allocataires ces trois minima a ainsi crû de quatre à cinq points de
pourcentage, entre fin 2010 et fin 2014 parmi les personnes de 60-61
ans
, contre deux points parmi celles de 58-59 ans. Au total, la réforme
de 2010 aurait augmenté le nombre d’allocataires du RSA, de l’AAH et de
l’ASS, de près de 80 000 individus fin 2016, soit environ 5 % d’une
classe d’âge à 60-61 ans. Le surcoût en termes de dépenses d’allocations
serait de l’ordre de 600 millions d’€ par an
.


Sans emploi, sans retraite


Or « l’existence de situations hors de l’emploi et hors de la
retraite fait craindre le développement de poches de pauvreté aux
alentours de 55-60 ans, dans lesquelles se retrouveraient des personnes
qui, tout en ne pouvant pas encore bénéficier d’une pension de retraite,
ne parviennent plus à retrouver un emploi et ont épuisé leurs droits
dans les divers régimes sociaux autres que la retraite » avertissent les
chercheurs de la Drees.


Pour autant, le report de l’âge d’ouverture des droits de 60 à 62
ans devrait permettre de réduire la masse de pensions de retraite
versées d’environ 14 milliards d’€ d’ici à 2020.
www.wk-ce.fr/actualites/upload/drees-rapport6-invalidite-minima-sociaux-retraite-octobre2016.pdf


L’IMPORTANCE DU RYTHME DE RELÈVEMENT DE L’ÂGE DE LA RETRAITE


Sur le court terme, le COR estime que l’effet sur l’activité
dépendrait essentiellement du rythme du relèvement de l’âge d’ouverture
des droits et de la capacité de l’économie à absorber le choc d’offre de
population active. Ainsi, un relèvement à 64 ans au rythme d’un mois
par génération induirait en 2020 une hausse temporaire du chômage de 0,1
point, de 0,3 point au rythme de trois mois par génération et de 0,6
point au rythme de six mois par génération. En définitive, un rythme
élevé de relèvement de l’âge d’ouverture des droits permettrait
d’atteindre plus vite les effets positifs de long terme sur l’activité,
tandis qu’un rythme plus lent permettrait au marché du travail
d’absorber plus progressivement le surplus de population active et de
limiter les effets à court terme sur le chômage.
Source : WK-CE

3 Commentaires

  1. Nous vivons en France une mutation évidente de l'emploi, des mutations dans les postes, attributions et missions… Tous salariés confondus! D'un statut salarié Employé jusqu'au salarié Cadre dirigeant.
    Combien de Cadres se retrouvent dans un bouleversement profesionnel à ce jour?
    Aujourd'hui nous voyons en agence, venir s'inscrire, des ouvriers agroalimentaires mais aussi des responsables qualité, RH ou anciens dirigeants!
    Je ne parle pas des candidats qui ont plus de 50 ans, dans ces mêmes situations, qui viennent chercher en même temps un soutien par peur de la mise sous le bas de la pile de leur CV.
    Savoir orienter et apporter des débuts de solutions ou tout simplement, c'est un travail et c'est une Force.

  2. Bonjour,
    Belle et claire analyse de la situation qui touche de plus en plus d'entreprises et groupes en particulier, toujours à la recherche d'une rentabilité finalement jamais atteinte.
    Patrice, que voulais-tu dire à la fin «ou tout simplement»… même si c'est la vraie vie que tu exprimes?
    Bonne soirée

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