La leçon du 11 janvier


En
matière de syndicalisme, on en revient toujours au même : on brocarde
les militants, on critique l’action syndicale, on ironise sur les
partenaires sociaux, on minimise le rôle des syndicats pour, au final,
constater qu’ils sont indispensables et que s’ils n’existaient pas, il
faudrait les inventer, au grand soulagement des pouvoirs publics,
notamment. L’accord national interprofessionnel du 11 janvier 2013 en
est la parfaite illustration. La France est en situation de crise et, si
on avait écouté une certaine minorité patronale, le grand soir social
nous était promis avec la disparition même de la notion de contrat de
travail.

Le
sens des responsabilités, le pragmatisme, la compétence et la lucidité
de ces partenaires sociaux se sont exprimés pour aller bien au-delà
d’une «sécurisation de l’emploi». Ils ont conclu un Accord national
interprofessionnel (ANI) pour un nouveau modèle économique et social au
service de la compétitivité des entreprises et de la sécurisation de
l’emploi et des parcours professionnels des salariés : c’est bien un
changement remarquable dans la nature des relations sociales en France
dont il s’agit ! Les Français doivent prendre conscience que nous avons
travaillé conjointement au redressement de l’économie, de la croissance
et de l’emploi. 

Il
y aura toujours des esprits chagrins, dans chaque camp, pour dénoncer
des concessions. Mais le propre d’un accord n’est-il pas d’accepter en
conscience des compromis pour atteindre l’objectif ? Aujourd’hui,
démonstration est faite de l’apport des partenaires sociaux au bon
fonctionnement économique et social de la nation, quand ils ont la
volonté d’avancer. J’invite chaque adhérent à prendre connaissance du
contenu de cet accord afin de constater par lui-même qu’il reflète bien
la réalité de l’entreprise au quotidien, que nous avons su dépasser les
dogmes pour traiter de la compétitivité et du maintien dans l’emploi.

Je
ne tombe pas pour autant dans l’angélisme ! Ce n’est qu’un début et le
chemin sera encore long pour voir transposées dans la loi les multiples
avancées de cet accord et leurs traductions dans l’atelier, le bureau ou
les conseils des directions des entreprises. Mais nous avançons ! Et
nous sommes prêts, dans cette même logique de discussion efficace, à
négocier les nombreuses déclinaisons de l’accord en faveur d’une
complémentaire santé pour tous les salariés, les droits rechargeables,
l’extension et l’homogénéisation du recours au chômage partiel, le
compte individuel de formation… Tout cela sur fond de négociations
difficiles pour résoudre les casse-tête des déficits des retraites
complémentaires et de l’assurance chômage.

Alors,
que se serait-il passé si nous, partenaires sociaux, avions baissé les
bras ? Si nous nous étions contentés de lever nos drapeaux sur le
carreau de nos entreprises ? Que n’aurait-on raillé les syndicats
s’abandonnant à une décision arbitraire du gouvernement ! Un arbitraire à
l’image des conclusions douteuses de la Cour des comptes qui tranche
les déficits à coups d’exclusions. La CFE-CGC ne se laissera pas berner
par les vieilles lunes ou les fausses recettes de la traque aux boucs
émissaires.

La
CFE-CGC peut être fière de son réel apport dans les discussions. Un
seul exemple : nous réclamions depuis si longtemps la présence de
représentants des salariés dans les conseils d’administration pour être
associés – en particulier l’encadrement – aux choix stratégiques des
directions ; aujourd’hui, c’est fait ! Grâce à notre obstination, c’est
le dialogue et non l’affrontement, qui s’incruste un peu plus
profondément dans l’entreprise.

Bernard Van Craeynest

Source : CFE CGC site confédéral

  Vendredi : 
Frais financiers : Hands up, ceci est un braquage !
 Lundi prochain :
Comment faire moins de placement permanent en une seule leçon
Mardi prochain :
Le mal-être des salariés ex-Adia 
Vendredi prochain :
Directeurs d’agence, prenez garde à vous ! 

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici