Article extrait de la Lettre confédérale CFE CGC :
En douze ans (de 1990 à 2011), la France est passée de 17 % d’emplois industriels à 11% alors que l’Allemagne en est à 17,2%. Notre production industrielle ne représente plus que 9,3 % du PIB contre 20,8 % en Allemagne.
Entre 2000 et 2010, nous avons perdu 600 000 emplois industriels. Le poids de la valeur ajoutée de l’industrie a reculé de 3,7 points dans la zone euro et
de 5,2 points en France ! En 2011, dans les entreprises de plus de 10 salariés,
selon France Industrie Emploi : si 1.405 projets ont créé 50.200 emplois dans
l’industrie et services, 844 projets en ont détruits 34.500. Le solde net positif
est donc de 15.700 emplois. C’est peu, trop peu ! Le nombre de projets créateurs d’emplois a baissé de 15 % par rapport à 2010 et le nombre d’emplois par projet (35) a baissé de 6 %. Notre filière agro-alimentaire perd du terrain sur les marchés étrangers. Les services, moins dynamiques, ont créé 26 % d’emplois en moins par rapport à 2010. Les TIC, CRC, Banques ont lancé des restructurations qui pourraient s’aggraver en 2012 avec d’autres vagues d’ajustements…
Il est encore temps de définir un véritable modèle de croissance en se focalisant sur les filières et marchés à forte valeur ajoutée plutôt que de geindre à longueur d’année sur le coût du travail ; en portant l’accent sur la compétitivité hors coûts (SAV, qualité, formation, instabilité législative, infrastructures…) ; par l’innovation, la R&D et l’investissement productif. ; en assurant les financements nécessaires aux systèmes productifs territoriaux des PME-PMI et ETI ; en prenant garde aux dommages environnementaux irréversibles d’un modèle de croissance irréfléchi et très matérialiste.
Il faut nous redéployer sur des filières d’avenir en formant les jeunes -mais pas uniquement- aux emplois de demain. Il faut consolider notre modèle social dans toutes ses composantes car il est un facteur important de compétitivité. Les licenciements boursiers, une crapulerie d’un capitalisme aveugle, ça suffit ! Réindustrialiser, c’est un impératif tant pour relancer croissance et emploi que pour stabiliser le corps social et, accessoirement, pour pouvoir honorer nos dettes ! Face au cancer des restructurations qui développe ses métastases sur quasiment tous les bassins d’emplois, la France a des atouts et des ressources pour réagir et repartir du bon pied !
Jean-Luc Haas (confédération CFE CGC)
Source : La Lettre confédérale n°1286 du 11 mai 2012