Les affaires reprennent

« L’année 2010 marque un renouveau de l’intérim avec un redémarrage net de notre activité, après l’ ‘annus horribilis’ qu’a été 2009 », déclare Arnaud de la Tour, président du Prisme (Professionnels de l’intérim, services et métiers de l’emploi), mardi 28 juin 2011, à l’occasion de la présentation du bilan économique et social 2010 de la profession. L’année dernière, les effectifs intérimaires ont progressé de 14,8 %, après avoir chuté de près de 29 % en 2009 sous l’effet de la crise économique (AEF n°134331). On compte à la fin de l’année 527 147 salariés intérimaires en ETP (équivalent temps plein), contre 447 348 en 2009. « L’intérim a ainsi permis la création nette de 80 000 emplois intérimaires en ETP (équivalents temps plein), soit 78 % des créations d’emploi en 2010. » Toutefois, malgré cette amélioration de la situation en 2010, « les effets de crise n’ont été que partiellement effacés puisque avec 530 000 intérimaires en ETP, l’intérim se situe, en 2010, 17 % en dessous de son niveau d’avant crise », indique le Prisme.

Sur les cinq premiers mois de l’année 2011, l’organisation patronale de l’intérim observe une progression de 17,2 % de ses effectifs par rapport à la même période de l’année dernière, en lien avec la reprise économique. Alors que Pôle emploi prévoit que l’intérim jouera en 2011 un rôle moins important dans les créations nettes d’emplois par rapport à 2010, au profit « des emplois plus durables » (AEF n°151217), Arnaud de la Tour dit « ne pas percevoir » de ralentissement depuis le début de l’année. « Une partie des emplois intérimaires peut basculer vers des CDI mais le flux [d’intérimaires] ne paraît pas se tarir. Nous raisonnons en termes de flux alors que l’analyse de Pôle emploi se fait en termes de stock », précise le président du Prisme.

REPRISE DANS LES PRINCIPAUX SECTEURS D’ACTIVITÉ

Les premiers chiffres pour 2011 confirment en tout cas la « reprise généralisée de l’activité dans les trois principaux secteurs d’activité » (tertiaire, industrie, construction) observée en 2010. « C’est l’industrie qui a majoritairement tiré cette reprise », indique Arnaud de la Tour. Le secteur industriel et le tertiaire redémarrent en effet plus vite en 2010 (respectivement +31,4 % et 12,9 %), après avoir été les plus impactés en 2010. Les effectifs intérimaires du BTP enregistrent une reprise plus modérée (+3,4 %).

La progression des effectifs intérimaires « est contrastée sur l’ensemble du territoire » : les régions de l’est de la France, à forte dominante industrielle et largement impactées par les destructions d’emplois entre 2008 et 2009, sont celles qui enregistrent les plus fortes hausses de l’intérim en 2010 : +38,2 % en Franche-Comté, +29,9 % en Alsace, +29 % en Lorraine et +27,6 % en Champagne-Ardenne. « De manière inverse, les régions qui ont été moins frappées par la crise, enregistrent des progressions plus modérées : +5,8 % en Midi-Pyrénées, +10,1 % en Île-de-France, +10,4 % en PACA, +12,7 % en Languedoc-Roussillon. »

Le « profil type » de l’intérimaire reste inchangé en 2010 : la population intérimaire est très largement masculine (72 %) et jeune (les moins de 30 ans représentent plus de 48 % du total des effectifs). Les « tendances de fond » se poursuivent, notamment l’élévation du niveau de qualification des intérimaires : le nombre d’ouvriers non qualifiés continue de décroître au profit des profils plus qualifiés. Les ouvriers qualifiés constituent désormais 39,5 % de la population intérimaire (contre 33,2 % en 1999) ; les professions intermédiaires sont passées de 4,7 % en 1999 à 7,9 % en 2010, et la part des cadres dans l’intérim « a doublé en 10 ans, pour s’établir en 2010 à 1,7 % ». Les seniors sont également « de plus en plus nombreux à se tourner vers l’intérim : entre 1995 et 2010, le nombre de seniors intérimaires a progressé deux fois plus vite que l’ensemble des effectifs intérimaires, pour s’établir en 2010 à 8,7 % de l’ensemble de l’emploi intérimaire.

ACTIVITÉ DE RECRUTEMENT : + 28%

De manière complémentaire avec l’intérim, l’activité de recrutement des agences d’intérim « avait chuté très fortement en 2009 mais a connu une très forte reprise en 2010 », indique François Roux, délégué général du Prisme. Après -40 % en 2009, l’activité de recrutement croît de 28 % en 2010, soit 37 500 recrutements réalisés par l’intermédiaire des agences d’intérim, principalement dans les structures de moins de 50 salariés.

Les personnes recrutées par des agences d’emploi étaient majoritairement des employés (54 %), mais aussi techniciens et agents de maîtrise (18 %) et des ouvriers (12 %). 16 % des recrutements concernent des cadres, et 18 % des professions intermédiaires.

Au cours des quatre premiers mois de 2011, le nombre de recrutements a progressé de 26 % par rapport à la même période l’année dernière, pour atteindre 14 000 prestations. « Si la tendance se maintient au premier semestre 2011, 20 000 recrutements devraient être réalisés par les agences d’emploi », estime le Prisme.

FORMATION DES INTÉRIMAIRES

En 2010, le secteur a par ailleurs consacré un budget de 300 millions d’euros à la formation professionnelle, finançant des actions bénéficiant à 230 000 intérimaires (contre 200 000 en 2010). Le FAF.TT (Fonds d’assurance formation du travail temporaire) a financé plus de 12 000 formations en alternance pour des intérimaires, dont 1 942 contrats de professionnalisation, 2 996 contrats d’insertion professionnelle intérimaire pour des publics éloignés de l’emploi et 3 724 contrats de développement professionnel intérimaire. En outre, plus de 2 300 actions de formation ont été financées par la profession au titre des CIF (Congés individuels de formation), bilans de compétence, ou VAE.