Extrait de La Lettre confédérale
1er juillet 2011, date d’entrée en vigueur de la réforme des retraites. Le glas a sonné pour les seniors qui devront travailler jusqu’à 62 ans, sauf à prouver qu’ils ont exercé un métier pénible et à justifier d’un taux d’incapacité de 20%. Mais les autres ? Ceux qui ne supportent plus les rythmes infernaux de productivité imposés par les nouveaux modes de management ; ceux qui souffrent de leur stigmatisation, de leur mise à l’écart des processus de décision, de l’indifférence des entreprises à leur fin de carrière, ceux à qui toute formation permettant un renouveau de carrière est refusée… et même ceux à qui l’on a offert, en lot de consolation, une mission sous-valorisée d’un tutorat fabriqué pour les maintenir hors des responsabilités… En réalité, reste-t-il des seniors dans les entreprises ?
La CFE CGC se pose la question quand elle pointe les solutions nombreuses, inventives, inlassablement prônées par les entreprises pour mettre ses quadras, quiquas et plus hors champ ! On voir ressurgir les dispositifs de cessations anticipées d’activité, se décupler les ruptures conventionnelles (37% concernent les plus de 50 ans), fleurir les dispositifs financés par les entreprises elles-mêmes qui garantissent des rentes allant jusqu’à 75% du salaire et jusqu’à parfois 8 années aux seniors qui consentent à rester chez eux !
Quel montage idéal que celui qui consiste à calculer le montant des indemnités de rupture en fonction des indemnités chômage restant à percevoir jusqu’au relais par le retraite ! A quoi a servi la menace d’une pénalité de 1% pour les entreprises de plus de 50 salariés sans accord seniors, sinon à inventer des “Plans d’actions” vides de contenu, d’objectif et surtout de sens ?
Certes l’entreprise a bonne conscience qui n’affiche plus de PSE ; certes l’emploi des seniors a légèrement grimpé sur la dernière décennie, passant de 28,3% à 38,9% pour les 55 à 65 ans ; certes les salariés sur-souscrivent à tous ces plans qui leur font miroiter le bien-être, le repos, la disparition du stress en étant hors du monde réel dans lequel ils n’ont plus leur place ! Malgré toutes ces inventions législatives, rien ne bouge. Que vont faire les entreprises avec ce nouveau cadeau du gouvernement : 2 000 euros par senior de plus de 45 ans embauché ! Encore un effet d’aubaine…
Marie-Françoise Leflon
La Lettre confédérale n° 260 du 4 mars 2011 (envoyée à tous nos adhérents)