Pas encore de quoi satisfaire tous les mécontents, mais une nette détente devrait intervenir sur le front salarial en 2011. La proportion d’entreprises envisageant de geler les salaires l’année prochaine est, en effet, en fort recul par rapport à 2010, selon une enquête menée par le cabinet Mercer auprès de 259 entreprises hexagonales employant 97.000 salariés.
Le taux de sociétés prévoyant de n’accorder aucune augmentation devrait osciller entre 4% pour les employés et le management et 7% pour les ouvriers et les cadres dirigeants (lire graphique ci-contre). En 2010, la fourchette s’étendait de 7% pour les employés à 17% pour les cadres dirigeants. Pour cette dernière catégorie, les pressions de l’opinion publique en faveur d’une plus grande exemplarité des dirigeants en période de crise ont sans doute incité les entreprises à la modération.
En 2011, les budgets d’augmentation devraient cependant rester à des niveaux modestes. Toutes catégories confondues, le taux médian pour les augmentations générales et individuelles devrait être de 2,5% de la masse salariale. En légère hausse par rapport à 2010, année marquée par un taux médian de 2%. “En 2011, les entreprises sont un peu plus optimistes, mais prudentes car les chiffres de l’économie américaine ne sont pas très bons et la prévision de croissance en France n’est pas exception- nelle », souligne Bruno Rocquemont, responsable de l’activité services d’information et enquêtes de rémunération chez Mercer. Autre élément à prendre en compte, le rythme de l’inflation qui devrait être d’environ 1,6% en 2011 selon l’OCDE et permettre des gains de pouvoir d’achat même avec des taux de revalorisation limités.
Des entreprises plus sélectives
Reste que les marges de manoeuvre des entreprises resteront inférieures à celles des années de croissance où les budgets d’augmentation frôlaient, voire dépassaient pour certaines catégories professionnelles, les 3% de la masse salariale.
Les employeurs devraient donc se concentrer sur les postes les plus sensibles à leurs yeux. “Dans cette phase de sortie de crise, les entreprises ne veulent pas voir leurs meilleurs éléments partir à la concurrence. Elles seront donc très sélectives”, confirme Bruno Rocquemont. Avec le risque de mécontenter le plus grand nombre alors que la modération salariale pendant la crise a suscité de fortes attentes. Les “négociations annuelles obligatoires”, qui se déroulent en octobre-novembre dans la plupart des entreprises, risquent d’être particulièrement tendues…
Source : Les Echos.fr