Indices non médicaux du dernier poste
Tabulologie anormale
L’employé compétent n’a généralement sur sa table que les livres, papiers et instruments nécessaires à son travail. Arrivé au dernier poste, il a tendance à adopter des arrangements inhabituels et hautement significatifs de son matériel de bureau.
Phonophilie
L’employé se justifie en se plaignant de ne pouvoir être en contact assez étroit avec ses collègues et subordonnés. Il installe donc sur son bureau plusieurs téléphones, magnétophones, etc. (faire la translation avec les outils d’aujourd’hui, car l’ouvrage date quand même de 1969. NDLA). Le phonophile prend rapidement l’habitude d’employer deux ou plusieurs appareils en même temps. La maladie fait rapidement des progrès et est généralement incurable.
Papyrophobie
Le papyrophobe ne peut tolérer sur son bureau ni livres ni papiers, et dans les cas graves nulle part dans la pièce. Il fait de sa phobie une vertu, celle du «bureau net», et espère faire croire qu’il expédie ses affaires avec une promptitude incroyable.
Papyromanie
Le papyromane, au contraire, encombre son bureau d’une masse de livres, dossiers et papiers inutiles.
Il essaie ainsi de masquer son incompétence en donnant l’impression qu’il est surchargé de travail.
Classophilie
Ici, nous assistons à une manie de classification s’accompagnant généralement d’une terreur morbide de perdre le moindre document. En passant son temps à arranger et reclasser des dossiers généralement caducs, le classophile empêche les autres – et lui-même – de s’apercevoir qu’il n’accomplit rien d’utile.
Gigantisme tabulatoire
Obsession qui consiste à avoir un plus grand bureau ou table de travail que ses collègues.
Rigor cartis
Ce symptôme consiste en un intérêt anormal pour les organigrammes, cartes, diagrammes, et un entêtement à diriger les moindres affaires en suivant strictement les lignes et les flèches du tableau, sans s’occuper des retards ou des pertes qui peuvent en résulter. Le malade souffrant de rigor cartis affiche volontiers ses tableaux aux murs de son bureau et on le voit parfois, oubliant son travail, en contemplation émue devant ses icônes.
Syndrome du flottement
Nous constatons là une complète incapacité à prendre une décision appropriée au rang du malade qui en souffre. Il peut flotter interminablement et peser le pour et le contre d’une question, mais ne peut sedécider. Il se justifiera en invoquant la nécessité d’avoir «une vue d’ensemble» ou fera allusion au«processus démocratique». Il résout généralement ses problèmes en les conservant dans un limbe jusqu’à ce que quelqu’un d’autre prenne une décision ou qu’il soit trop tard pour y apporter une solution.
Structurophilie
Comme son nom l’indique, la structurophilie est une manie de construire, un souci obsessionnel des bâtiments, de leur architecture, de leur construction, de leur entretien, et un souci croissant du travail qui s’y fait ou doit s’y faire. La structurophilie existe à tous les niveaux hiérarchiques, mais c’est chez les hommes politiques et les doyens d’université qu’elle est la plus virulente. Dans ses manifestations pathologiques aiguës (Monumentalis gargantuescus), elle atteint un stade dans lequel le malade se sent contraint de faire construire d’immenses tombeaux, des statues monumentales, des bâtiments gigantesques visibles de loin…
Siglomanie initiale et digitale
C’est une obsession qui pousse le malade à parler par lettres et chiffres plutôt qu’en clair. Par exemple : «F.O.B. est à N.Y. pour le C.I. d’U.B. comme C.O. au sujet du 802». Le temps que l’interlocuteur comprenne qu’on lui explique que Frederic Orville Blamesworthy est à New-York pour le Centre Instructionnel de l’Université de Boondock au sujet du projet de loi 802, il a perdu l’occasion de constater que l’autre ne sait pas grand-chose. Les siglomanes s’arrangent pour rendre les propos les plus triviaux impressionnants, ce qui est exactement leur but.
à suivre…