Oui, la machine broie… Oui, la machine tue. Le travail est loin d’être une source d’épanouissement pour chaque individu. Le constat est dur. Alors qu’il est question d’ouvrir le capital de la Poste aux investisseurs privé, Dominique Decèze revient sur la privatisation de France Télécom et dénonce l’une de ses principales conséquences : la souffrance des employés.
Afin d’entrer dans le marché concurrentiel, France Télécom, devenu Orange, a opéré un redéploiement interne de ses effectifs. Depuis 1990, ce sont plusieurs dizaines de milliers de salariés qui ont changé de fonction, de statut, de lieu de travail. Ces mutations contraintes se sont appuyées sur une gestion agressive des ressources humaines.
Dominique Decèze, au cours d’une enquête minutieuse, montre l’étendue des dégâts et la violence délibérée avec laquelle l’entreprise s’est attaquée à son personnel. A France Télécom, le mal de vivre au travail est une réalité quantifiable : stress, dépression, maladies, suicides, fichages, pressions hiérarchiques, placardisation, harcèlement… Il cite des médecins du travail, débordés par le nombre croissant de personnes en souffrance et nous livre les témoignages bouleversants des salariés, prix à revers par leur DRH : comment admettre que la “libéralisation” d’une entreprise puisse se faire aux prix de la santé, voire de la vie de ses employés ?
Éditions Jean-Claude Gawsewitch, 2008
Autre livre à paraître, sur le même sujet début octobre : “Orange stressé”
Notre avis sur ces affaires :
Petit commentaire qui risque de ne pas faire plaisir à tout le monde : cette situation alarmante n’est malheureusement possible que par la passivité du plus grand nombre. De telles méthodes seraient inapplicables et même impensables si une partie importante des salariés rejoignaient les syndicats qui s’impliquent vraiment et ne sont pas compromis (suivez mon regard).
Nous espérons que les autorités judiciaires en charge de ces affaires de suicide ont le courage de s’attaquer à la notion de “non assistance à personne en danger” et de mettre ainsi chacun devant ses responsabilités.
Le silence du plus grand nombre et la passivité sont les premiers responsables de la situation, avant même les restructurations et l’attitude de la direction de France Telecom. Il y à des évidences qu’il est bon de répéter.
Tenez, au moment où j’écris ces quelques lignes, chez Adecco, une cadre de 54 ans s’apprête à se rendre ce matin à un entretien de licenciement qui survient trois mois après une mobilité géographique et dans des conditions plus que troubles. Encore une “senior” en moins… Qu’elle soit assurée de notre entier soutien pour cette pénible journée et pour les suites à donner à son affaire.