La mise à l’écart ou “mise au placard” dans le langage courant est une forme très répandue de harcèlement moral, notamment dans les grandes entreprises et administrations. Elle assure la “mort” professionnelle d’un salarié sans avoir à user de la solution plus offensive et plus expéditive du licenciement.

Les causes et modalités de ces mises à l’écart ont été étudiées et analysées par de nombreux chercheurs en sciences sociales et parmi les “placardisés”, on pourra retrouver, entre autres, des “surnuméraires” ou salaires jugés trop élevés, des “fortes têtes” ou personnes ayant du caractère, des seniors, des syndicalistes, des dirigeants déchus ou toute personne représentant un danger réel ou hypothétique pour le système.

Christophe Dejours, psychiatre et l’un des spécialiste français de la souffrance au travail, a particulièrement bien analysé cette problématique et observé que la mise au placard, sorte de mise à mort professionnelle et sociale frappe souvent aussi des témoins gênants, contemporains de malversations, d’actes immoraux ou délictueux qu’il serait périlleux d’éliminer de façon trop volontariste, en les licenciant, par exemple.

Le pari fait d’une élimination silencieuse et progressive leur apparaît comme la méthode la plus opportune pour faire disparaître les salariés représentant un peu la mémoire ou tout au moins la partie obscure de cette mémoire de l’entreprise. En extrapolant un peu, on pourrait d’ailleurs considérer que l’une des fonctions indirectes de la rotation de personnel revient à effacer régulièrement un certain nombre de traces gênantes.

Dans l’esprit des dirigeants pratiquant l’exclusion par mise à l’écart, un témoin gênant le restera toujours, fusse-t’il un excellent collaborateur, doté d’un solide esprit d’entreprise, loyal et travailleur. Il représentera toujours un danger potentiel. La stratégie menant à son exclusion peut se dérouler sur de nombreux mois, voire des années, sans même que, le plus souvent, la victime soit en mesure de comprendre les motifs de sa disgrâce. Il y à souvent trop de distance entre les faits répréhensibles dont il a pu être témoin et l’action de mise à l’écart que bien souvent il ne s’explique pas ou au travers de motifs opportunistes qui lui sont dictés. Ils n’est généralement pas à même de percevoir le lien de cause à effet entre des faits plus ou moins anciens et une éviction qu’il vit comme une sanction professionnelle ou un désamour.

A ceux qu’intéresse le sujet, nous conseillons la lecture des ouvrages de Christophe Dejours, de Marie-France Hirigoyen et l’excellent livre de Dominique Lhuillier, “Placardisés, des exclus dans l’entreprise“.

1 COMMENTAIRE

  1. Après 20 ans de bons et loyaux services, je retrouve tout à fait ce que je vis et subis depuis plus de 2 ans. Mon agence ferme et depuis l’annonce de sa fermeture par mon DS, silence radio. Aucun soutien, aucun appel, RIEN.
    Adecco, Leader Mondial des RH ?..

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