Qui ne connait au moins une personne de son entourage professionnel ou personnel qui ait un jour été victime d’un burn-out, en français, d’un syndrome d’épuisement professionnel. L’avantage de la traduction française c’est la mise en évidence de l’origine professionnelle de cette maladie psychique et physiologique, car c’est bien d’une maladie qu’il s’agit, aux conséquences parfois redoutables. L’épuisement professionnel est dû à un niveau de stress élevé et prolongé sans qu’il existe véritablement de règle sur la durée préalable d’exposition avant l’émergence de la pathologie, chaque individu étant doté d’une capacité de résistance différente.
Dépersonnalisation, dépréciation et insensibilité

 

L’épuisement professionnel a tout d’abord été observé dans le monde médical et parmi les personnels soignants mais aujourd’hui il concerne la plupart des les milieux de travail où l’on observe un niveau élevé, souvent excessif et inapproprié, d’engagement personnel et une charge de travail surdimensionnée. Le travailleur (salarié, travailleur indépendant, entrepreneur, profession libérale) victime d’un syndrome d’épuisement professionnel témoigne immanquablement d’un sentiment d’être vidé, vidé de toute énergie et de ses ressources personnelles, arrivé au bout de ses limites. Il dépersonnalise progressivement sa relation aux autres et devient même cynique, ce qui se manifeste par une insensibilité surprenante au monde environnant. Il devient progressivement étranger à tout et à tous. Il est ailleurs, comme on dit.

Tout cela commence par des états de fatigue chroniques mais assez classiques. L’impression de se trainer en semaine et un effondrement le week-end, le tout assorti d’un sentiment tantôt diffus, tantôt aigu de ne pas y arriver, de ne plus répondre aux exigences du poste, de son hiérarchique et de son entourage. Le salarié épuisé professionnellement déprécie son action, ses résultats, se persuade que non seulement il n’y arrivera pas mais que de plus il n’est pas/plus à la hauteur des exigences de sa fonction.

Prévenir et agir à temps

Le processus est insidieux et il peut s’écouler de nombreux mois avant la rupture fatale, celle qui voit craquer le salarié. Pour en avoir accompagné, nous percevons immédiatement les symptômes : abattement physique et psychique, crises de larmes, envies et tentatives d’évitement. C’est le moment où le salarié peut encore éviter la crise en limitant son temps d’exposition : arrêt-maladie, formation, etc. Le salarié se met à perdre ou à prendre du poids, selon son métabolisme. Il devient irritable, ne supporte plus grand chose.

Le burn-out ou syndrome d’épuisement professionnel a été passablement galvaudé et l’on entend souvent tel ou telle proche nous déclarer de bonne foi se trouver en plein burn-out. Pareille affirmation doit évidemment attirer notre attention mais le syndrome d’épuisement professionnel n’a rien à voir avec un coup de fatigue ou de blues passager. Pour avoir assisté un certain nombre de salariés victimes de ce syndrome, nous pouvons témoigner d’une atteinte profonde et durable s’étendant de quelques mois à quelques années. Certains ne s’en remettent jamais et nombreux sont ceux obligés de se réorienter en reprenant ou non une formation. J’ai connu les cas de plusieurs femmes, consultantes ou cadres commerciales, devenues institutrices. Je me souviens aussi d’un Directeur d’agence Adecco, quelque part dans l’est de la France, âgé d’une bonne quarantaine d’années, incapable d’évoquer sa situation professionnelle sans pleurer et même contraint de faire chaque jour des détours pour ne plus passer par l’avenue dans laquelle son situait son ancienne agence. La seule vue de l’enseigne Adecco lui provoquait une crise d’angoisse insupportable.

Souvent, le salarié en situation d’épuisement professionnelle n’a même plus le courage, ni l’envie de se confier, de consulter tant le sentiment de dévalorisation l’emporte sur tout instinct de sauvegarde. Il n’y a pourtant, dans cette situation qu’un seul réflexe à avoir : contacter un élu ou délégué syndical CFE-CGC. Celui-ci effectuera les démarches et prises de contact pour celui ou celle qui n’en a même plus la force, ni l’envie.

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