L’Humanité ne fait pas partie, faut-il le préciser, de nos lectures de chevet, ni de de nos références et guère plus de nos sources d’information. Ce préalable posé, le quotidien révèle aujourd’hui ce qui constitue l’un des plus grands scandales de l’histoire de l’entreprise. Un scandale qui éclaire les actuelles et récentes réorgagnisations du groupe et devrait contribuer à dessaler les indécrottables naïfs dont l’espèce ne semble pas le moins du monde menacée.
A la une du quotidien ce jour, un titre accrocheur donne le ton : “Licenciements. La liste cachée d’Adecco”. Puis en page 4, un copieux article intitulé “Quand Adecco fait tout pour contourner le plan social” révèle la teneur d’un document qu’a réussi à se procurer le rédacteur. Il s’agit ni plus ni moins d’une liste ultra-confidentielle de licenciements et ruptures conventionnelles planifiées sur les années 2020 et 2021 et ceci sur l’ensemble du territoire et des entités (Solutions, MO, Spring…). Pas moins de 97 ruptures conventionnelles et 15 licenciements pour des motifs encore inconnus qu’il suffira d’imaginer le moment venu en respect d’un planning cyniquement établi. Il s’agit, comme le souligne le quotidien, d’un plan social camouflé, mené sous les radars de la presse et de l’administration. Ironie du sort, hier nous annoncions sur ce blog un article à paraitre demain “Allons-nous vers un PSE ?” Fin du suspens et dénouement : nous sommes en plein PSE… non déclaré.
Le coût humain des réorganisations
“Notre métier c’est de l’humain et il faut qu’il le reste” déclarait il y a peu notre nouveau président Alexandre Viros, en écho à son prédécesseur, Christophe Catoir, qui aime à rappeler régulièrement que “ce qui fait la différence c’est le capital humain”. A compter ce ce jour, on pourra retirer le qualificatif “humain” de la formule. Qui pourra encore croire la direction lorsque, suite à nos questionnements et nos doutes exprimés dans les instances de l’entreprise, elle continuera à nous certifier les yeux dans les yeux qu’aucun plan social n’est prévu, pas plus que le moindre impact humain n’est à redouter suite aux modifications permanentes des structures ? Pathologie fréquente des multinationales que nous avons depuis longtemps baptisée “restructurite chronique récidivante”.
En première ligne des suppressions d’emplois, dans ce hit parade de la honte, nous trouvons le Middle Office dont les mouvements énigmatiques inquiètent vos élus depuis plusieurs mois. Réduction d’effectifs et fermeture de sites laissent présager de grandes manœuvres, surtout lorsque l’on sait qu’une partie de son activité se trouve d’ores et déjà externalisée sous des prétextes un peu ésotériques. L’entreprise tente de s’imposer comme “leader par les coûts” en imposant des objectifs totalement déconnectés du réel et de la conjoncture qui n’aboutiront sans doute qu’à en faire un “leader par les coups”.
Imaginons un instant ce que peut ressentir un salarié permanent en cours de licenciement ou fraichement éjecté pour un motif ou l’autre – une pensée pour un Directeur de hub fraichement débarqué qui figure sur la liste – apprenant en lisant cet article que son départ était programmé depuis au moins un an et que les raisons invoquées pour lui faire la peau n’ont finalement été que bidouillage de dernière minute.
Une planification méthodique des départs
Revenons à cette fameuse liste obtenue par le quotidien, mentionnant les 114 condamnés dont la sortie de l’entreprise est parfaitement datée, trimestre par trimestre. Nous y découvrons la future éviction de collègues pour chaque trimestre 2020 et 2021. La planification sur Q1 à Q4 2021 est impressionnante. Le motif est prévu d’avance : le plus souvent “rupture conventionnelle” mais aussi donc une quinzaine de licenciements. Pour deux cas, la question n’est pas tranchée et la direction hésite donc encore sur l’un de ces deux motifs de sortie.
Voici des années que nous tirons la sonnette d’alarme, notamment ces derniers mois. De grandes manœuvres se préparent et pas un de ceux qui liront cet article aujourd’hui ne peut affirmer qu’il n’a pas eu écho d’au moins un départ contraint ou suspect dans son entourage. Nous reviendrons très prochainement sur cette pénible affaire mais en attendant, nous ne pouvons que répéter à l’infini ce slogan des années Sida : “sortez couverts !”. Ne restez pas isolés, défendez votre emploi et si vous n’en avez plus l’énergie, faites-le au moins pour vos proches. CFE-CGC !
Cet article sera complété et enrichi au fil de la journée en fonction des évolutions de la situation et notamment de la tenue du Comité social et économique central (CSEC) qui se tiendra ce matin.
Vous pouvez aussi nous suivre sur Twitter
Dernière minute :
Le CSE Central, toujours en cours à 17h00 n’aura rien apporté de plus que ce que nous en attendions. La Direction reconnait l’existence du document mais explique laborieusement qu’il ne s’agissait que d’une hypothèse de travail, une sorte de simulation qui n’aboutirait pas forcément aux licenciements. Mais depuis quand pose-t-on des hypothèses de réduction de masse salariale en listant nominativement les salariés ?
Ceci dit, que vouliez-vous qu’elle nous dise ? Prise la main dans le sac, elle ne peut que nier, nier et encore nier, jusqu’au bout, jusqu’à l’absurde. L’affaire ne se règlera donc pas dans les instances.