Le stress à IBM France sera expertisé

Le CHSCT et les syndicats d’IBM obtiennent gain de cause auprès de la cour d’appel de Paris. Ils peuvent maintenant organiser une expertise indépendante sur le stress, qui ne faiblit pas chez les salariés.

C’est une victoire pour les syndicats d’IBM et son comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT). Le 2 octobre dernier, la cour d’appel de Paris a décidé que le comité d’hygiène pourra bien procéder à une expertise indépendante sur le stress à IBM Paris. De ce fait, la cour d’appel annule le jugement de décembre 2004 du tribunal de grande instance de Bobigny.
L’affaire remonte à 2002-2003, lorsque les médecins du travail se rendent compte que 44 % des salariés de Big Blue sont stressés, alors que la moyenne nationale est de 25 %. Le CHSCT a donc voulu lancer une expertise indépendante. Mais cette démarche a été annulée par le TGI de Bobigny, à la suite d’un recours de la direction, qui préfère laver son linge sale en famille en créant un « groupe pilote » anti-stress interne. Le CHSCT a fait appel et vient donc d’obtenir gain de cause.

Une structure d’aide interne inefficace
Selon les syndicats, cette victoire juridique montre que la structure anti-stress interne n’était pas satisfaisante. « Le groupe pilote créé au départ ne disposait ni d’une méthodologie, ni de moyens. Par la suite, la direction a, certes, mis plus de moyens financiers et créé des sessions de formation pour les managers pour qu’ils puissent détecter le stress des salariés. Mais sur les 900 cadres dirigeants de l’entreprise, seules quelques dizaines ont été formées. Par ailleurs, jamais il n’a été question d’analyser la source des problèmes », déplore Jean-Michel Maire, délégué syndical chez IBM.
Et des problèmes, il y en a. Le stress a désormais gagné 65 % des salariés d’IBM France. Parmi eux, les médecins du travail comptent au total 154 maladies professionnelles ou à caractère professionnel. Ils font également état d’une forte augmentation de la pathologie psychique à la tour Descartes depuis début septembre : « 4 dépressions, 2 burn-out, 1 suicide évité de justesse, 2 inaptitudes au travail ». Certains salariés sont « épuisés, désespérés car sans issue, et révoltés contre leur management qui les a poussés à bout ».
Une hiérarchie fragmentée
Pour les syndicats, les raisons du stress sont à chercher dans l’organisation du travail. « La hiérarchie est multiple et fragmentée. Les cadres ont souvent deux voire trois chefs. Certains sont locaux, d’autres distants. Ils donnent des ordres en fonction de leurs objectifs et sans concertation. Les chefs ne connaissent plus le travail des salariés. La pseudo-autonomie accordée au salarié déporte en réalité la responsabilité de l’entreprise sur l’individu, qui pourra ainsi être licencié plus facilement », explique Jean-Michel Daire.

Pour le délégué syndical, cette récente victoire juridique n’est qu’un début. Il craint maintenant que la direction tente de saboter l’enquête qui sera menée par le cabinet Syndex, en refusant de donner des informations précises sur les processus de travail. Du côté de la direction de la communication, en tout cas, on ne souhaite pas faire de commentaires à ce sujet.

article relevé sur 01Net., le 9 octobre 2008

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