“Toi aussi, deviens élu indépendant !” C’est l’injonction que l’on imagine sans peine sortir de la bouche de certains membres de la direction en période électorale. Explications.
L’élu indépendant est un drôle d’élu : il ne peut participer à aucune négociation, ni signer le moindre accord d’entreprise, prérogatives réservées aux organisations syndicales représentatives, et n’exerce aucune fonction revendicative. Il a simplement le droit d’être présent dans les réunions CE et CCE et d’y voter, à condition d’y bien voter… Avez-vous jamais lu un tract d’élu indépendant ?
Le statut hybride d’indépendant est certes un peu frustrant pour des salariés désireux de contribuer au dialogue social et à l’amélioration des conditions de vie et de rémunération de leurs collègues mais une petite tape dans le dos une fois l’an, quelques œillades en période électorale et une mutation opportune quand la corde est un peu usée, voilà qui devrait suffire à les contenter.
L’élu indépendant est généralement désigné ou tout au moins fortement incité à se présenter aux consultations électorales par la direction. C’est un joker qui permet souvent de contrer les positions des élus syndiqués et de leur faire contrepoids. C’est pour cette raison que nous avons l’habitude de mettre des guillemets à “indépendant”, qualificatif que nous jugeons particulièrement mal choisi et même d’assez mauvais goût. Nous parlons fréquemment d’élus “maison”, ce qui a le mérite de résumer. Curieusement, des vocations subites d'”indépendants” éclosent dans des secteurs où se présentent des candidats CFE CGC, par exemple. En politique, on appellerait cela des listes de diversion.
Il y à néanmoins parmi les élus “indépendants” quelques personnes intègres et de bonne foi, persuadées d’œuvrer efficacement en répercutant et défendant systématiquement les positions de la direction. Pour elles, et elles en sont intimement convaincues, le bien, le vrai, le bon c’est la direction et le plus ou moins grand mal, ce sont les syndicats.
Récemment encore, à l’occasion de la constitution des listes, la direction a approché un certain nombre de salariés pour les inciter à se présenter au deuxième tour. Devant la réticence des hiérarchiques directs qui voient midi à leur porte et s’estiment pénalisés par les absences de salariés élus fussent-ils indépendants, le tenants de la fonction ressources humaines sont montés au créneau. Directeurs de région et directeurs de secteur ont non seulement été vivement incités à ne pas contrecarrer les candidatures d'”indépendants” mais encore, chaque fois que possible, à en susciter de nouvelles. L’argument décisif : “l”entreprise à besoin d’élus qui soient sous notre coupe”. Authentique.
Tout cela devrait être connu mais l’immaturité du dialogue social chez Adecco, soigneusement entretenue par un syndicat docile, rend les choses peu lisibles hormis de quelques-uns. Pendant ce temps, les rémunérations dégringolent à vitesse grand “V” et les conditions de travail se dégradent dans une quasi-indifférence. Ce qui n’empêche d’ailleurs pas un taux record d’abstention… Est-ce un hasard ?
Le deuxième tour offrira en septembre l’occasion d’avoir de vrais représentants des salariés, des élus CFE CGC engagés au service de tous, à l’écoute de tous et s’exprimant librement dans le souci constant de l’intérêt des salariés, de tous les salariés.
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