Un ingénieur concentré sur un moteur d’avion, un ouvrier en discussion avec son chef de chantier, deux graphistes souriants… Les derniers spots de pub de Randstad ne font pas preuve d’une grande originalité. Mais parfois le classique a du bon. C’est ce que pense, en tout cas, la société de travail temporaire qui inonde les écrans publicitaires des chaînes françaises depuis sa fusion avec VediorBis en mars 2009. Envolé l’esprit provocateur de son ex-rival qui mettait en scène la Mort avec sa faux, embauchée comme saisonnière pour les moissons. «Nous avons voulu imposer le plus vite possible une image de prestataire de services haut de gamme, rassurante pour les clients et fédératrice pour les collaborateurs», explique François Béharel, le PDG de Randstad France.
Mariage des cultures. Six mois et pas un de plus, c’est le temps que s’étaient donné les deux groupes néerlandais pour boucler leur mariage dans l’Hexagone. Une fusion déclenchée par l’OPA mondiale à 3,5 milliards d’euros de Randstad sur Vedior, qui a créé le numéro 2 de l’intérim, derrière le suisse Adecco. Le défi était de taille, car on ne pouvait pas trouver plus différents que les deux spécialistes du travail temporaire.
En France, Randstad faisait figure de grosse PME (800 personnes, 600 millions d’euros de chiffre d’affaires), à la gestion plutôt centralisée et dégageant une belle rentabilité (4,5%). Le réseau VediorBis comptait, lui, pas moins de 4 200 collaborateurs organisés en entités autonomes. Et malgré ses 3 milliards d’euros de chiffre d’affaires, il était deux fois moins profitable que Randstad. Pour réussir l’opération, les dirigeants des deux groupes ont choisi d’agir à toute vitesse. Une stratégie à l’opposé de celle adoptée pour d’autres mégafusions, comme Carrefour-Promodès (1999), Pierre & Vacances-Center Parcs (2000) ou Air France-KLM (2004).
Mais dans le travail temporaire, où les pesanteurs industrielles et logistiques sont faibles, la marge de manœuvre était plus grande. «Si les équipes sont accaparées par la fusion, elles ne font pas bien leur métier et le business s’en ressent», rappelle Sylvie Ouziel, directrice du pôle organisation et stratégie chez Accenture. Ce choix d’y aller franco s’est révélé d’autant plus crucial que la crise, inattendue au moment où la décision fut prise, a provoqué une chute brutale de l’activité du secteur (– 30% en 2009), ramenant le chiffre d’affaires global de l’ensemble Randstad-VediorBis à 2,9 milliards d’euros en France.Comité restreint. La préparation de cette fusion à marche forcée s’est elle-même déroulée sur les chapeaux de roue, dès la fin 2008.
Source : Capital.fr
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