Chacun a pu suivre par médias interposés les rebondissements dans l’affaire de discrimination à l’embauche récemment jugée en Belgique et condamnée à verser 25 k€ à SOS Racisme. De quoi s’agit-il au juste ?
Précisons d’abord que l’affaire remonte à 2001 et qu’aucun des grands médias n’a jugé opportun de souligner l’ampleur des actions et de la sensibilisation sur le sujet mises en œuvre depuis cette date par le groupe Adecco. Avec ce silence, la probité et l’honnêteté intellectuelles de la presse y laissent au passage quelques plumes. Mais, passons.
Il se trouve donc qu’en 2001, un salarié Adecco s’en était allé rapporter à certaines associations qualifiées d’antiracistes que nombre de collaborateurs de l’entreprise pratiquaient, à la demande de clients, une discrimination à l’embauche formalisée par un code bien précis : BBB, ce qui signifie Blanc, Bleu, Belge. Pour la petite histoire, c’est aussi le nom d’une race bovine en Belgique. En clair, belge de type européen. Cette classification, comme chacun sait, est illégale au regard de la législation anti-discrimination. Notre salarié en mal de confidences s’en va donc rapporter ces pratiques à l’association Kifkif (bourricot ?) et à la FGTB. SOS Racisme ne s’emparera de l’affaire qu’en 2007, soit six ans après les faits et la première dénonciation, pour mener une action en dommages et intérêts conjointement avec la FGTB. On notera aussi l’implication du CECLR, centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme.
Passons les détails et rebondissements pour en arriver au 16 juin, date à laquelle le PTB (Parti du Travail de Belgique ou Partij van de arbeid van België pour nos (trop) rares lecteurs néerlandophones) publie sur son site une pièce confidentielle, relevant de l’instruction, la liste d’une centaine d’entreprises ayant émis des exigences discriminatoires de recrutement. Cette incursion dans le domaine des droits de l’homme d’un PTB, soutien dès ses origines du maoïsme et s’affichant aujourd’hui encore marxiste-léniniste, a de quoi égayer un peu. Ça fait un peu penser au boucher-charcutier qui viendrait vous vanter les vertus du végétarisme. C’est toujours le cordonnier le plus mal chaussé affirme un dicton populaire.
Petite anecdote pour se détendre avant le week-end : parmi les entreprises mentionnées (et nous ne citerons que celle-là, n’étant pas ascendant balance) se trouve Benetton, qui bâtit sa fortune sur le slogan “United colors of Benetton“. Quand on vous dit que c’est souvent le cordonnier… Ou “fais ce que je dis, pas ce que je fais”.
Après la publication de la liste noire, on notera la réaction tiède parce que gênée du directeur d’Adecco Belgique qui s’est dit “offusqué” par cette publication et affirme regretter “l’émoi qui en résulte” dans la clientèle belge. Or, rappelons que cette publication, condamnable sur le plan éthique, est avant tout délictueuse car opérant une infraction au secret de l’instruction et à ce titre condamnable en justice.
Enfin, pour finir en beauté, les dommages et intérêts ne profiteront qu’à la seule SOS Racisme qui ne se greffa pourtant à l’affaire qu’en 2007. On nous dit que les 25 k€ représentent la plus lourde amende infligée à une entreprise européenne au bénéfice d’une association de ce type. Cette manne sera d’autant opportune que ladite association se trouve être championne des subventions sur argent public (l’équivalent de plus de 1000 € par an et par adhérent). Au moment où l’on vient de boucler sa déclaration en ligne de revenus, il s’agit quand même d’une bonne nouvelle.