Tout le monde est syndiqué ! L’auteur de cette affirmation a-t-il “pété un plomb” ? Ignore-t-il qu’en France, 6% seulement des salariés adhèrent à un syndicat ? Et encore, la fonction publique se taille-t-elle la part du lion, ou plutôt en l’occurrence du lionceau, dans ce modeste quota.
Ceci ne contredit pas notre affirmation mais acceptons qu’il faille la nuancer et la formuler ainsi : en France, tout le monde est syndiqué sauf les salariés. En effet, cher lecteur, votre patron est syndiqué, en l’occurrence au PRISME, branche du MEDEF pour le travail temporaire. D’ailleurs, tous les dirigeants de nos concurrents sont défendus par la même organisation syndicale patronale. Et c’est normal car ils défendent ainsi notre profession, son encadrement légal et préviennent d’éventuelles évolutions politiques, fiscales et juridiques qui pourrait lui nuire. Et si l’on oublie un instant le travail temporaire, ce sera pour constater que tous les entrepreneurs, travailleurs indépendants, artisans et professions libérales défendent leurs intérêts par l’intermédiaire de syndicats, de chambres syndicales et autres organisations de défense collective de leur profession et intérêts.
Éleveurs de bovins, producteurs laitiers, médecins, avocats, architectes, artisans, artistes, patrons de PME… la liste serait longue, sont affiliés à des organisations chargées de défendre leurs intérêts, leur cadres législatif et fiscal ainsi que les acquis de leur profession. Ils s’organisent collectivement pour se défendre et ont parfaitement raison de le faire.
Seuls les salariés, tout au moins une très large majorité d’entre eux, s’abstiennent, avec une fraîche insouciance qui laisse pantois, de toute organisation collective et de la défense de leurs droits élémentaires. Il leur est souvent susurré : “Les syndicats, ça ne sert à rien“, “à quoi bon adhérer à une organisation externe à l’entreprise puisque celle-ci prend en charge votre destin” et autres banalités du même tonneau. Le hic c’est que ceux qui vous affirment cela sont, nous l’avons vu, tous syndiqués.
Voici donc une petite réflexion facile mais salutaire à mener : pourquoi les salariés seraient-ils les seuls travailleurs à ne pas s’organiser pour mieux gérer leur présent et leur avenir ? Les stratégies purement individuelles consistant à passer d’une entreprise à l’autre pour butiner un miel prétendu meilleur autre part trouvent vite leurs limites et ne sont bien souvent porteuses que de désillusions. Rejoindre, ici et maintenant, un syndicat actif et lucide c’est contribuer à sécuriser son avenir et celui des siens.

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