Lundi dernier se tenait à Villeurbanne la première réunion de négociation d’un protocole en vue de l’élection des membres du Comité central d’entreprise, instance majeure d’une entreprise comprenant plusieurs Comités d’établissement. Les électeurs du CCE sont eux-mêmes, selon la législation, tous des élus CE ou DP.
L’un des objectifs essentiels de ces négociations entre organisations syndicales consiste à déterminer le nombre d’élus au Comité central d’entreprise, parmi lesquels il suffira ensuite d’élire un secrétaire et un trésorier. En cas de désaccord sur le nombre d’élus à inscrire dans ce protocole, c’est l’administration qui tranche et bien souvent, sans plus d’interprétation que cela, elle applique le Code du travail, minimaliste au possible puisqu’il ne prévoit que… 4 élus, quelle que soit la dimension de l’entreprise.
Quatre élus, nombre dérisoire dans une entreprise de la dimension d’Adecco surtout si l’on compare avec nos principaux grands concurrents dont le nombre d’élus au CCE oscille entre 15 et 20 élus titulaires auxquels s’ajoutent les suppléants, bien entendu.
Aucune organisation syndicale soucieuse de représenter réellement l’ensemble des salariés ne pourrait donc se contenter de l’indigente proposition du Code du travail, d’autant qu’il y a davantage de syndicats présents chez Adecco et aussi davantage de votants qu’auparavant. Ajoutons que la conjoncture présente et à venir exigera une représentation du personnel consistante et aguerrie.
Pour notre part, nous avons émis un souhait très raisonnable de 14 à 16 élus élus et les syndicats UNSA, FO et Solidaires de 14 élus. Nos propositions se trouvent ainsi dans la juste moyenne de ce qui se pratique dans la profession, permettant à toutes les sensibilités d’être représentées de façon équilibrée mais non excessive.
Mais, surprise et stupeur, il s’est trouvé deux syndicats pour réclamer expressément le minimum légal, soit 4 élus seulement. Avaient-ils compris la question ? Hélas, oui.
4 élus à répartir entre 7 organisations syndicales, pour le CCE d’une entreprise de 3 500 permanents et plus de 100 000 intérimaires ! Du jamais vu et du pain béni pour la direction qui n’en croyait ni ses yeux, ni ses oreilles ! Pour un peu elle les eut embrassés goulûment. Elle dut un instant penser que c’est comme le Loto, ça n’arrive pas qu’aux autres ! Les directions sont évidemment habituées à devoir modérer les ardeurs des syndicats plutôt naturellement enclins à réclamer un maximum d’élus, parfois jusqu’à la déraison, mais se trouvent bien décontenancées quand des organisations syndicales réclament spontanément une sous-représentation des salariés. Des élus qui veulent le moins d’élus possible, ce n’est quand même pas banal et en langage imagé, ça s’appelle se tirer une balle dans le pied et même dans les deux. Seul le cul-de-jatte peut sans risque s’offrir pareille folie.
Ainsi la CGT et la CFDT, puisque c’est d’eux qu’il s’agit, sont favorables à un microscopique CCE de 4 élus seulement, s’alignant ainsi sur la position minimale du Code du travail et… de la direction. Trop fort, non ?
Demain, ils viendront vous chanter qu’ils œuvrent dans “l’intérêt des salariés” et tralala tsoin tsoin… et vous demanderont de danser sur cette affriolante rengaine. Danserez-vous ?
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