La semaine dernière nous apprenions le départ du DRH groupe, basé en Suisse au siège central. Christian Vasino, en poste depuis 2007, s’en va donc voguer sous d’autres cieux et relever je ne sais quel défi dans une société multinationale italienne, nous apprend la presse économique. La dépêche nous précise par ailleurs que le recrutement de son successeur serait en cours. Jusque-là, rien que de très normal et les mouvements de cadres, fussent-ils supérieurs, font partie intégrante de la vie de l’entreprise.
Le problème, c’est qu’en moins d’une année, nous avons assisté au départ de notre DRH Adecco France, puis à son remplacement puis, quelques mois plus tard, au départ de sa remplaçante. Sur la même période, le DRH groupe pour la France quittait à son tour l’entreprise, suivi, quelques mois plus tard par le DRH d’Adecco Groupe France. Soit au total, le départ de cinq DRH en une année. Alors, nous posons cette simple question : qui se soucie vraiment de la précarité des DRH qui n’ont guère d’autre alternative que de se soumettre à des logiques purement financière ou se démettre ?
Depuis des années, l’ANDCP (Association Nationale des Directeurs et Cadres de la fonction Personnel) déplore le difficile positionnement des chefs du personnel et DRH souvent exclus de la stratégie de l’entreprise et réduits à jouer les coupeurs de tête alors que leur inclination naturelle et leur formation les inciteraient plutôt à tenter d’optimiser le facteur humain dans l’entreprise.
« Souvent exclus des débats publics, les DRH ont leur mot à dire pour influencer et dynamiser les politiques de l’emploi. Avec ces vagues de licenciements, l’image de notre profession a été détériorée. Nous ne sommes pourtant pas des coupeurs de têtes.» se défend Charlotte Duda, présidente ­nationale de l’ANDCP, pour essayer de redorer un peu le blason de ces cadres auxquels est trop souvent confié le sale boulot.
La plupart des professionnels de la fonction souhaiteraient sans doute placer ou plutôt replacer l’humain au cœur de l’entreprise et non plus seulement se faire les artisans de systèmes d’évaluation, de contrôle et d’élimination des hommes uniquement destinés à faire décoller le cours de l’action. Certains craignent même de subir un jour leur éviction des comités de direction dans lesquels ils pourraient être perçus comme des gêneurs si simplement ils s’avisaient de remplir leur véritable mission.
Aujourd’hui, les DRH ont à gérer le désinvestissement professionnel de nombreux salariés demeurant dans l’entreprise par défaut mais dont la motivation s’avère plus qu’émoussée par le sort qui leur est réservé, un fort mécontentement résultant des politiques salariales d’austérité et une sorte de résistance passive faite de démotivation et d’apathie. Le mécontentement exprimé et l’engagement syndical n’augmentent pourtant pas à proportion de l’insatisfaction réelle des salariés et cette situation paradoxale n’a certainement rien de rassurant pour les hommes qui ont à gérer la ressource humaine dans l’entreprise. Pour n’être pas exprimée l’exaspération d’un nombre croissant de salariés n’en représente pas moins une menace importante pour les entreprises qui, volens nolens, ne pourront réussir sans les hommes.
Tout ceci explique sans doute en grande partie la faible durée de vie des DRH en entreprise et leur fréquente envie d’aller constater par eux-mêmes si l’herbe est plus verte ailleurs…
Appel à témoignages :
 
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