Alors que 2015 vient à peine de céder la
place à 2016, je suis certainement comme la plupart d’entre vous en
cette période de rentrée. Je me dis que si les vacances avaient duré
quelques jours de plus, je ne m’en serais pas plaint. Je me dis aussi
qu’il va être assez difficile de retrouver un rythme de travail
« normal » après la période des fêtes. A l’heure où l’on parle beaucoup
de flexibilité des horaires, les rythmes de travail imposés par les
entreprises, en France particulièrement, servent-ils réellement les
intérêts de tous ? Plusieurs études semblent dire le contraire. Mais
sommes-nous prêts à repenser notre manière de travailler ?
place à 2016, je suis certainement comme la plupart d’entre vous en
cette période de rentrée. Je me dis que si les vacances avaient duré
quelques jours de plus, je ne m’en serais pas plaint. Je me dis aussi
qu’il va être assez difficile de retrouver un rythme de travail
« normal » après la période des fêtes. A l’heure où l’on parle beaucoup
de flexibilité des horaires, les rythmes de travail imposés par les
entreprises, en France particulièrement, servent-ils réellement les
intérêts de tous ? Plusieurs études semblent dire le contraire. Mais
sommes-nous prêts à repenser notre manière de travailler ?
Une société en manque de sommeil
Le rythme circadien correspond à une période de 24
heures pendant lesquelles un certain nombre de mécanismes biologiques et
physiologiques se répètent. Les rythmes circadiens d’un individu sont
calqués sur une horloge interne qui régule différents rythmes comme
l’état de veille/sommeil ou l’état de vigilance. En lien avec ce sujet,
la conclusion d’une récente étude menée par le professeur Kelley de l’Université d’Oxford, et rapportée dans un article du Blog Mode(s) d’Emploi, nous interpelle. Elle affirme, allant à l’encontre de nos croyances et de nos pratiques, que « personne ne devrait commencer à travailler avant 10 heures du matin ». L’étude nous explique en effet que les rythmes circadiens des adultes de moins de 55 ans ne sont pas synchronisés avec les horaires de travail classique.
Les conséquences seraient, selon son auteur, désastreuses et
impacteraient très fortement la performance, l’humeur et la santé
mentale des salariés. Notre société serait en manque de sommeil,
de l’école jusqu’à l’entreprise. Forcés à se lever tôt, élèves,
étudiants et salariés perdraient jusqu’à 10 heures de sommeil par
semaine.
heures pendant lesquelles un certain nombre de mécanismes biologiques et
physiologiques se répètent. Les rythmes circadiens d’un individu sont
calqués sur une horloge interne qui régule différents rythmes comme
l’état de veille/sommeil ou l’état de vigilance. En lien avec ce sujet,
la conclusion d’une récente étude menée par le professeur Kelley de l’Université d’Oxford, et rapportée dans un article du Blog Mode(s) d’Emploi, nous interpelle. Elle affirme, allant à l’encontre de nos croyances et de nos pratiques, que « personne ne devrait commencer à travailler avant 10 heures du matin ». L’étude nous explique en effet que les rythmes circadiens des adultes de moins de 55 ans ne sont pas synchronisés avec les horaires de travail classique.
Les conséquences seraient, selon son auteur, désastreuses et
impacteraient très fortement la performance, l’humeur et la santé
mentale des salariés. Notre société serait en manque de sommeil,
de l’école jusqu’à l’entreprise. Forcés à se lever tôt, élèves,
étudiants et salariés perdraient jusqu’à 10 heures de sommeil par
semaine.
Des stéréotypes tenaces
Je me suis souvenu d’une autre étude menée par les chercheurs de l’Université de Washington, parue en 2014 dans le Journal of Applied Psychology.
Cette précédente recherche a démontré que l’encadrement des entreprises
a une représentation nettement plus positive des salariés lève-tôt aux
couche-tard. Les auteurs parlent d’un « biais matinal »
qui pousse les managers à considérer que les employés les plus matinaux
sont plus consciencieux. Ces derniers seraient d’ailleurs mieux évalués
par leur hiérarchie, ceci sans tenir compte du nombre d’heures
effectivement travaillées ou de la manière d’effectuer leur travail. Ce
biais n’est en réalité rien d’autre qu’un stéréotype persistant lié à une adhésion inconsciente à l’idée que les gens qui se lèvent tôt sont plus fiables. Les auteurs rappellent à ce propos le célèbre aphorisme de Benjamin Franklin – «early to bed, early to rise, makes a man healthy, wealthy, and wise» («se mettre au lit tôt, se lever tôt, rend un homme sain, riche et sage»).
Ce stéréotype ne concerne pas que les Etats-Unis et se retrouve dans de
nombreuses cultures, dont la nôtre. Vous savez bien qu’en France on
affirme régulièrement que le monde appartiendrait à ceux qui se lèvent
tôt. Bon, allez demander à un ouvrier sur une chaîne de production qui
travaille en 2X8 s’il a l’impression que le monde lui appartient. Je ne
garantis pas sa réponse.
Cette précédente recherche a démontré que l’encadrement des entreprises
a une représentation nettement plus positive des salariés lève-tôt aux
couche-tard. Les auteurs parlent d’un « biais matinal »
qui pousse les managers à considérer que les employés les plus matinaux
sont plus consciencieux. Ces derniers seraient d’ailleurs mieux évalués
par leur hiérarchie, ceci sans tenir compte du nombre d’heures
effectivement travaillées ou de la manière d’effectuer leur travail. Ce
biais n’est en réalité rien d’autre qu’un stéréotype persistant lié à une adhésion inconsciente à l’idée que les gens qui se lèvent tôt sont plus fiables. Les auteurs rappellent à ce propos le célèbre aphorisme de Benjamin Franklin – «early to bed, early to rise, makes a man healthy, wealthy, and wise» («se mettre au lit tôt, se lever tôt, rend un homme sain, riche et sage»).
Ce stéréotype ne concerne pas que les Etats-Unis et se retrouve dans de
nombreuses cultures, dont la nôtre. Vous savez bien qu’en France on
affirme régulièrement que le monde appartiendrait à ceux qui se lèvent
tôt. Bon, allez demander à un ouvrier sur une chaîne de production qui
travaille en 2X8 s’il a l’impression que le monde lui appartient. Je ne
garantis pas sa réponse.
Multiplier les pauses pour plus d’efficacité
Nous pouvons aussi rappeler cette autre étude menée par les chercheurs de London Offices, rapportée par Le Figaro en juin 2013, sur les temps pendant lesquels les employés sont les plus productifs. 10h26 et 16h16 (très précisément !) seraient les deux moments pendants lesquels nous sommes les plus efficaces.
Les auteurs recommandent surtout d’alterner des moments de production
plus intensive avec des moments de détente pour une meilleure
efficacité : « Faire des petits-breaks de cinq minutes durant la
journée est une solution judicieuse. Cela inclut aller jusqu’à la
fontaine d’eau, prendre une tasse de café ou se dégourdir les jambes au
bureau ». Il n’est pas certain que la représentation de
l’encadrement vis-à-vis des collaborateurs qui multiplient les temps de
pause soit très positive.
Les auteurs recommandent surtout d’alterner des moments de production
plus intensive avec des moments de détente pour une meilleure
efficacité : « Faire des petits-breaks de cinq minutes durant la
journée est une solution judicieuse. Cela inclut aller jusqu’à la
fontaine d’eau, prendre une tasse de café ou se dégourdir les jambes au
bureau ». Il n’est pas certain que la représentation de
l’encadrement vis-à-vis des collaborateurs qui multiplient les temps de
pause soit très positive.
Lutter contre le présentéisme stratégique
Dans le même temps, il existe une autre tendance, plus française celle-ci, qui consiste à pratiquer un “présentéisme stratégique”.
Celui-ci peut être défini comme la tendance à rester tard le soir pour
se faire bien voir en montrant sa motivation au travail. La solution
pour être bien évalué par sa hiérarchie consisterait-elle à faire des
heures à rallonge – commencer tôt et terminer tard –, au risque de
s’esquinter la santé ? Par forcément. La tendance à voir les horaires tardifs comme gage d’efficacité est aussi un problème pour l’entreprise.
Ce phénomène ne concerne d’ailleurs pas tous les pays puisqu’en Europe
du Nord, par exemple, les personnes qui restent trop longtemps au
travail sont perçues comme inefficaces. Mais en France, les cadres se
plaignent de la tendance qu’a l’encadrement à mieux évaluer ceux qui
dépassent les horaires de travail. En 2012, la SNCF a d’ailleurs signé
un accord pour prévenir la crainte de partir tôt pour éviter de se faire
mal voir. D’autres entreprises ont à ce sujet choisi de bloquer l’accès
à certaines applications comme la messagerie à partir d’une certaine
heure.
Celui-ci peut être défini comme la tendance à rester tard le soir pour
se faire bien voir en montrant sa motivation au travail. La solution
pour être bien évalué par sa hiérarchie consisterait-elle à faire des
heures à rallonge – commencer tôt et terminer tard –, au risque de
s’esquinter la santé ? Par forcément. La tendance à voir les horaires tardifs comme gage d’efficacité est aussi un problème pour l’entreprise.
Ce phénomène ne concerne d’ailleurs pas tous les pays puisqu’en Europe
du Nord, par exemple, les personnes qui restent trop longtemps au
travail sont perçues comme inefficaces. Mais en France, les cadres se
plaignent de la tendance qu’a l’encadrement à mieux évaluer ceux qui
dépassent les horaires de travail. En 2012, la SNCF a d’ailleurs signé
un accord pour prévenir la crainte de partir tôt pour éviter de se faire
mal voir. D’autres entreprises ont à ce sujet choisi de bloquer l’accès
à certaines applications comme la messagerie à partir d’une certaine
heure.
Il est impressionnant de voir à quel point les
représentations et les stéréotypes, inconscients, peuvent l’emporter sur
la réalité. Certaines entreprises ont compris qu’une
organisation plus souple du temps de travail constitue une solution pour
améliorer la productivité mais aussi le bien-être et le moral des
salariés. C’est, par exemple, le cas de grandes entreprises américaines comme Google et Microsoft qui
permettent à leurs employés de choisir leurs propres horaires (les
salariés peuvent par exemple choisir de commencer leur journée entre 9h
et 11h le matin). Dirigeants et managers, quant à eux, ne semblent pas
prêts à changer ni leur regard, ni leur manière de manager leurs
équipes.
représentations et les stéréotypes, inconscients, peuvent l’emporter sur
la réalité. Certaines entreprises ont compris qu’une
organisation plus souple du temps de travail constitue une solution pour
améliorer la productivité mais aussi le bien-être et le moral des
salariés. C’est, par exemple, le cas de grandes entreprises américaines comme Google et Microsoft qui
permettent à leurs employés de choisir leurs propres horaires (les
salariés peuvent par exemple choisir de commencer leur journée entre 9h
et 11h le matin). Dirigeants et managers, quant à eux, ne semblent pas
prêts à changer ni leur regard, ni leur manière de manager leurs
équipes.
Le temps est-il venu d’envisager un changement
sociétal et d’envisager un assouplissement des horaires de travail afin
qu’ils correspondent mieux à l’horloge biologique humaine ? Pour cette
nouvelle année, je vous souhaite en tous cas de trouver votre bon rythme
de travail et surtout l’environnement qui vous permettra de
l’appliquer.
sociétal et d’envisager un assouplissement des horaires de travail afin
qu’ils correspondent mieux à l’horloge biologique humaine ? Pour cette
nouvelle année, je vous souhaite en tous cas de trouver votre bon rythme
de travail et surtout l’environnement qui vous permettra de
l’appliquer.
Très bonne année à tous.
Source : Le blog de l’Apec