Du 8 au 26 août, rediffusion du meilleur de l’année. Publié le 5 octobre 2015
Chaque année, depuis six ans, le
groupe Adecco demande aux salariés et clients de courir, pédaler ou
nager, tantôt pour l’emploi, tantôt “contre l’exclusion des jeunes”. De
quel problème d’exclusion est-il question ? En direction de quel public ?
Nous n’en saurons rien.
L’opération internationale s’appelle Win4Youth, supposée
conjuguer sport et solidarité – deux leviers particulièrement “porteurs”
-, consiste à avaler, le temps de l’opération, le plus grand nombre
possible de kilomètres, étant entendu qu’à chaque kilomètre parcouru
correspond une somme reversée par l’entreprise à huit associations,
inconnues du plus grand nombre et que nos sportifs pour l’occasion
seraient bien en peine de citer.
Nous allons quand même les énumérer pour qu’au moins une fois nos
athlètes prennent connaissance du nom des bénéficiaires de leurs suées.
Pour l’Australie, la Foundation for Young Australian ; Belgique, Beyond the Moon (après la Belgique francophone et néerlandophone, voici la Belgique anglophone) ; Brésil, Projeto Saude & Alegria ; Bulgarie, Teach for Bulgaria ; Cambodge, Hope for Justice ; Colombie, Fundacion Lupines ; Grèce, SOS Villages d’enfants ; Amérique du Nord, Tomorrow’s Childen Fund. Pour cette dernière, nous ne saurons même pas s’il s’agit des États-Unis, du Canada ou du Mexique.
L’objet de ces associations vaut parfois son pesant de kilomètres en petites foulées, telle la Foundation for Young Australian qui, loin de s’inquiéter du bien-être des kangourous, ne propose rien moins que de “développer les compétences et soutenir les jeunes aborigènes au lycée.
Le programme vise à maintenir un niveau de présence à l’école supérieur à
85% et à créer une nouvelle génération de leaders aborigènes“. Bon, voici donc la cause urgente du moment…
La Teach for Bulgaria se fixe le noble objectif de préparer et encourager “des jeunes ambitieux ayant les compétences pour devenir des professeurs et des leaders charismatiques“. Mazette, quand ils trouveront la recette, nous on est preneur.
Inutile de décliner l’ensemble des objets affichés de ces associations
bénéficiaires de Win4Youth mais observons quand même que pour ce qui est
de la France, rien n’est prévu et les jeunes pourront toujours attendre
les versions Win5Youth, Win6Youth ou ultérieures avant de percevoir
l’aide de nos athlètes d’un jour. Peut-être nos jeunes ne
rencontrent-ils aucun problème d’insertion. Allez savoir !
Autre aspect, un peu embarrassant celui-là, c’est l’absence totale
d’information sur les montants comptabilisés et versés auxdites
associations. Quels sont les contributions unitaires pour les kilomètres
parcourus à pied, à vélo, en nageant ? A quelles sommes cumulées
aboutit-on ? Quelles sont précisément les aides versées aux associations
retenues et selon quelle ventilation ? Une communication minimale sur
le sujet nous semble indispensable pour éviter de mauvaises suspicions.
Vous savez comment sont les gens !
d’information sur les montants comptabilisés et versés auxdites
associations. Quels sont les contributions unitaires pour les kilomètres
parcourus à pied, à vélo, en nageant ? A quelles sommes cumulées
aboutit-on ? Quelles sont précisément les aides versées aux associations
retenues et selon quelle ventilation ? Une communication minimale sur
le sujet nous semble indispensable pour éviter de mauvaises suspicions.
Vous savez comment sont les gens !
Revenons à nos sportifs. A l’issue des épreuves, le bénévole fourbu
devra encore trouver l’énergie de reporter ses kilomètres parcourus sur
le site internet dédié,
entièrement en américain, ou sur une application mobile. Quant au client
se prêtant à cette opération, il pourra se faire remettre
l’indispensable Win4Form, capteur de mouvements destiné à comptabiliser
sa contribution à Win4Youth. Passé l’épreuve, il pourra toujours essayer
d’en tirer quelques piécettes en le livrant à la convoitise des adeptes
du “Bon Coin”.
Loin de nous l’idée de critiquer cette opération, même si l’on est en
droit, individuellement, de ne goûter que très modérément les élans
grégaires, mais, franchement, est-ce bien là notre priorité ? Dans un
marché difficile, ultra-concurrentiel, avec des conditions de travail de
plus en plus pénibles, des équipes fatiguées et parfois découragées,
des salaire gelés et même congelés, voire surgelés depuis si longtemps,
n’a-t-on rien de mieux à proposer aux salariés que ces mobilisations
américano-moutonnières ?