Réforme de la formation : le CPF est un leurre éducatif
Les pouvoirs publics doivent abandonner l’illusion du CPF (même «
survitaminé et désintermédiatisé ») et de la gratuité en formation.
Contrairement à ce que prétendent des commissions syndicales ad hoc (comme les COPANEF et CNEFOP), la formation est aujourd’hui en France en état de quasi mort clinique.
La
déresponsabilisation des employeurs, la création de stages parkings
pour les chômeurs et le leurre du compte personnel de formation sont les
marqueurs des échecs successifs de l’État et des partenaires sociaux à
intégrer la formation et à développer les apprentissages au travail.
- Sans
aucune préparation ni réflexion, l’État a lancé un compteur (conteur ?)
de formation qui n’était en rien un dispositif de formation (comme
l’était le DIF ou l’est encore le CIF) mais un simple réceptacle de bons
sentiments éducatifs à hauteur de 24 heures de formation (dont une
seule heure est financée et finançable). - L’État a prétendu
retirer un intermédiaire en formation en sortant du jeu les employeurs.
Il s’apprête désormais à éliminer un second acteur : les OPCA. C’est la
fameuse désintermédiation. À la prochaine réforme (en 2024), il pourra
encore éliminer le dernier intermédiaire en formation, à savoir les
organismes de formation (qui pourraient faire écran entre les
connaîssances et les travailleurs).
Le milliard d’heures de
DIF en déshérence depuis 2014 sur leurs comptes CPF prouve que les
compteurs (comme le CPF, CPA, le CEC, le CET…) stockent les problèmes
sociaux sans les résoudre aucunement
Entre 2004 et 2014
(naissance et mort du DIF), les salariés du privé (en CDI
principalemment) auront cumulé sur leurs compteurs DIF (devenu CPF)
environ 1 milliard dheures de formation (100 heures en moyenne pour 10
millions de salariés en CDI).
Ces heures sont restées en 2015 et
en 2016 inutilisées pour 99 % d’entre elles via le CPF. Elles seront
perdues (selon les termes de la loi du 5 mars 2014) fin 2020, sans
possibilité de les financer, de les organiser ou même de les reporter (à
quoi bon reporter une nouvelle fois ce qui ne serait jamais utilisé ?).
Ce milliard d’heures de DIF cumulées pendant dix années par les salariés du privé prouve trois choses :
- que
le stockage d’heures de formation sur des compteurs n’apporte
strictement aucune valeur ajoutée à nos modèles éducatifs et sociaux ; - que
le stockage d’heures de formation est au contraire contre-productif car
il procède d’une logique d’épargne aberrante et ridicule en formation
(on n’emmagasine pas les compétences comme on épargne ses économies) ; - que
notre pays s’ingénie depuis des années à accumuler ses problèmes
éducatifs dans des leurres sociaux alors qu’il recule dans tous les
indicateurs internationaux (compétences des adultes comme des jeunes,
compétitivité et attractivité du pays…).
La formation doit sortir de la procrastination et se montrer sincère.
- Se
former, c’est toujours anticiper et se projeter dans l’avenir social et
professionnel, il faut donc restaurer la confiance dans le système
social. - Se former reste un effort autant pour l’entreprise (qui
doit organiser la formation de ses travailleurs) que pour les salariés
eux-mêmes, qui doivent accepter de se former sur leur temps libre
(libéré entre autres par les 35 heures). - Se former, ce sera
aussi sortir du modèle du tout gratuit qui voudrait que la formation des
adultes soit la continuation de l’instruction publique et gratuite (un
système totalement gratuit comme celui l’école et devenu insoutenable
au-delà de la scolarité obligatoire).
Source : Miroir social
Le nombre d'organismes de formation est très important en France.
On peut imaginer qu'ils intègrent les formateurs indépendants enregistrés à l'INSEE.
Malgré les souhaits de notre gouvernement à vouloir passer beaucoup de choses dans la formation professionnelle, j'ai du mal à imaginer, sauf certifications supplémentaires, que ce nombre restera aussi important sur les 5 prochaines années.
L'Allemagne ne compterait que 5000 organismes quand en France on peut multiplier par 10, sauf erreur de ma part.
On en reparle? ��