Développement à marche forcée du digital, baisse des déplacements terrain, inflation des réunions au sein des instances…
Face aux difficultés, les représentants des salariés ajustent leurs pratiques syndicales.
Militer en période de crise s’avère bel et bien être un sport de combat ! Au-delà de la crise sanitaire et économique, la pandémie de Covid-19 a sensiblement modifié l’action et les pratiques syndicales ces derniers mois.
Développement à marche forcée du télétravail, des visioconférences et des outils digitaux, baisse des déplacements terrain pour prendre le pouls des problématiques vécues par les salariés, inflation du nombre de réunions des instances et donc de la charge de travail : les élus du personnel, très sollicités, ont été confrontés à des difficultés inédites pour accompagner la poursuite ou la reprise d’activité dans des conditions garantissant la sécurité des salariés. « Pour nous autres syndicalistes, le maître mot a été adaptation car nous n’avions pas l’habitude de travailler en distanciel et qu’on ne pouvait pas ou peu, pour des raisons sanitaires, aller voir les équipes opérationnelles sur le terrain », résume Rachid Eddaidj, délégué syndical CFE-CGC au sein du Groupe ADP (anciennement Aéroports de Paris).
OPTIMISER LES CANAUX DE COMMUNICATION
Les comités sociaux et économiques (CSE) ont aussi dû repenser la façon de communiquer avec les salariés. Les traditionnels procès-verbaux, exhaustifs mais souvent publiés dans un délai relativement long, ne suffisent plus pour informer en temps réel face à des circonstances évolutives. « Lors du premier confinement, j’ai fait aux salariés un retour quotidien des réunions avec la direction », relate Élisabeth Jacques, déléguée syndicale centrale CFE-CGC chez Arc international. Pour toucher le maximum de salariés, les sections ont développé des nouveaux outils (messagerie interne, groupes WhatsApp…) et largement renforcé leur présence sur les réseaux sociaux.
GÉRER LA CRISE… ET LE RESTE
Autre composante de l’activité syndicale ces derniers mois : la multiplicité des négociations car, outre la gestion quotidienne de la crise (protocole sanitaire, continuité d’activité à domicile, chômage partiel, etc.), les autres sujets spécifiques n’ont pas été mis entre parenthèses. « Il y a un fort effet de cumul pour les élus avec d’autres dossiers structurants à mener de front dont lanégociation annuelle obligatoire (NAO), celle sur la complémentaire santé et la restructuration au sein de notre filière fiduciaire », témoigne François Servant, secrétaire général de la CFE-CGC Banque de France.
Dans beaucoup d’entreprises, le télétravail a été un des principaux sujets abordés en CSE. « Cette crise a forcé la direction à accepter dispositif même si, durant le second confinement, je dois encore batailler pour que certains salariés puissent être de nouveau en télétravail », assure Christine Allemand, déléguée syndicale CFE-CGC chez Axima (Groupe Engie).
VEILLER AUX CONDITIONS DE TRAVAIL DES SALARIÉS
Plus que jamais, les élus du personnel s’efforcent, malgré le contexte, d’assurer une remontée efficace des infos sur les conditions de travail des salariés, souvent dégradées. Pour 83 % des élus, la crise a en effet amplifié les risques psychosociaux (RPS) du fait du stress (68 % des réponses), d’une surcharge du travail (60 %), de l’isolement (37 %), du désengagement (28 %) et de la violence physique ou verbale envers les personnes (28 %), selon une étude du cabinet Syndex.
Point positif : une large majorité des élus CSE (70 %) estiment avoir été plutôt ou très impliqués dans la mise en place du plan de continuité d’activité et du plan de reprise.
Source : site confédéral CFE-CGC
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