Voici donc du DHS, présent depuis plus de quinze années dans l’entreprise, sans le moindre problème ni la plus maigre sanction et même plutôt “bien vu” comme on dit. Budgets régulièrement atteints, challenges emportés, plutôt “corporate” mais sans trop en faire, parfaitement reconnu et suivi par son équipe dont tous les membres viennent de manifester leur soutien par écrit. Malgré ce contexte et ce parcours, une lettre de licenciement reçue dans le courant du mois de janvier informe notre collègue de son licenciement pour “cause réelle et sérieuse”, le mettant de plus en mise à pied conservatoire comme un délinquant potentiel, comme si sa seule présence représentait une nuisance ou même un danger pour l’entreprise ou son équipe. Incompréhensible.
Mais qu’a donc bien pu justifier pareille décision de son Directeur de zone ? Rien dans le dossier, aucune faute sérieuse évoquée lors de l’entretien préalable, juste quelques petites mises au point comme on peut en soumettre à n’importe quel collaborateur. Des petits réglages en quelque sorte. Mais le plus étrange, il faut l’évoquer, face à cette injustice inouïe, silence complice de son Directeur opérationnel et adroite esquive de notre président France auquel notre collègue avait demandé intercession… Comme si la cause était entendue. Comme si ce licenciement relevait d’un plan préétabli de suppression d’emplois, une sorte de plan social inavoué… Bizarre non, de déstabiliser dans la conjoncture actuelle une importante structure en ordre de marche ? Quel peut être le bénéfice d’un tel arbitraire ?
Il est on ne peut plus simple à cerner, tout au moins à première vue : supprimer un emploi bien rémunéré. Dans la ville en question l’implantation Adecco se résume à un hub et une agence BTP. L’agence BTP rejoignant le hub, il y a donc un manager “excédentaire”. CQFD. D’un côté un Directeur de hub expérimenté, performant et sans problème mais un peu cher et de l’autre un Directeur d’agence BTP plus jeune, moins rémunéré et s’entendant comme larron en foire avec le DZ. C’est tout. Tout au moins pour le moment mais, à terme, même en oubliant juste un instant l’aspect éthique, combien coûtera véritablement un tel forfait aux équipes et à l’entreprise ?
Devant le refus de négocier de la direction, le Directeur d’agence dépose donc son affaire aux Prudhommes, avec une probabilité de l’emporter à 99,99%. L’entreprise, c’est évident, paiera cher pour cette faute managériale. La direction le sait mais cela fait partie de l’enveloppe et la lourde condamnation sera compensée par cette suppression de masse salariale. C’est un investissement en quelque sorte, dans le cadre d’une réduction générale des effectifs.
Mais ce n’est pas tout car il se trouve que notre collègue injustement licencié jouit d’un relationnel peu banal et possède un carnet d’adresses long comme le bras. Nous devrions bientôt le retrouver en bonne position chez l’un de nos concurrents ou un des plus gros décideurs de la région… Pendant dix, vingt ou trente années, il n’aura sans doute de meilleure motivation que de tailler des croupières à son ancien employeur. C’est de bonne guerre comme on dit mais ça coûte très cher aux équipes et à l’entreprise. Le préjudice considérable n’est évidemment pas chiffrable mais les équipes Adecco auront à en subir toutes les conséquences, notamment en termes d’image et de rémunération variable. Le problème, c’est que personne ne semble s’interroger sur ces conséquences prévisibles, sans doute parce que l’auteur du licenciement ne sera sans doute plus dans les effectifs d’ici six mois, au pire un an ou deux, tout comme son N+1 et peut-être N+2…. Et tournez manège pendant que s’envolent les parts de marché !