Pour l’entreprise, il s’agit bien entendu d’une contribution à l’insertion des jeunes dans le marché de l’emploi mais aussi et surtout d’intégrer une main-d’œuvre à petit prix, vierge de toute habitude antérieure et qu’il suffit de former à ses méthodes et procédures. Ce serait donc une sorte de pacte gagnant-gagnant entre le postulant et l’entreprise. Mais chaque médaille ayant son revers, la générosité (à crédit) du gouvernement, sans doute mû par des intentions louables, aura évidemment contribué à pervertir la belle idée du nécessaire apprentissage. Prime aux entreprises et subvention aux écoles ont trop souvent abouti, dans les faits, à transformer les unes et les autres en… chasseurs de primes.
A 500 euros de prime par contrat et par mois pendant six mois ou jusqu’à ce que l’apprenti-apprenti dégote son contrat, le pactole a de quoi faire saliver les écoles de bonne renommée comme les bataillons d’écoles de seconde, troisième ou vingt-septième catégorie… L’art et la manière de fabriquer de l’échec en faisant miroiter un hypothétique contrat d’apprentissage à des milliers de jeunes tandis que chauffe le tiroir-caisse d’écoles peu scrupuleuses. C’est un scandale de grande ampleur, un détournement de fonds publics, tout à fait légal à ce jour, sur lequel il faudra bien, et le plus tôt possible, revenir. C’est de plus une mauvaise action pour des milliers de jeunes auxquels on a vendu du rêve et que l’on installe froidement en situation d’échec. La main sur le cœur, bien entendu et en toute bonne conscience.
Quant au entreprises, mesure-t-on les conséquences de l’effet d’aubaine leur offrant, sans contrepartie sérieuse, une main-d’œuvre largement subventionnée en lieu et place de salariés dûment rémunérés ? Il suffit d’écouter les discours enflammés en faveur de l’apprentissage de dirigeants politique et d’entreprises, la main sur le cœur mais plus précisément sur le portefeuille, pour deviner les ressorts d’un pareil engouement.