Du 2 au 23 août, rediffusion du meilleur de l’année – Article paru le 18 décembre 2020
Nous disparaissons du marché BTP
Voici très, très longtemps que la direction clame, la main sur le cœur, sa volonté de développer notre activité dans le BTP mais, pour seul écho à ses incantations, nos parts de marché n’en finissent plus de s’effondrer. Incroyable et il nous a fallu croiser les sources pour y croire, elles se comptabiliseraient aujourd’hui sur les doigts d’une main…. Il est loin le temps où notre part de marché, insuffisante c’est vrai, s’élevait quand même à 16/17%. L’ambition d’un tel score apparaitrait aujourd’hui comme la manifestation d’une utopie délirante.
A force de tergiversations, de revirements et d’attentisme, nous sommes tout simplement en train de disparaitre de ce secteur d’activité. Est-ce finalement l’intention profonde, le but envisagé ? L’avenir nous le dira. Désolé pour nos collègues qui donnent le meilleur d’eux-mêmes avec bien souvent des réussites locales tout à fait louables mais le constat global s’impose. Aussi travailleurs et talentueux soient-ils, ils ne peuvent compenser la fermeture de dizaines d’agences BTP, les fautes stratégiques monumentales et la fuite des compétences les plus pointues qui ont fini par jeter l’éponge devant tant d’incohérences.
La stratégie, si l’on ose dire, c’est l’absence de stratégie, de vision. La direction, l’œil rivé sur le tiroir-caisse et soucieuse de la comptée du jour pratique dans le domaine du BTP les entrechats du tango chinois : un pas en avant, un glissé furtif de côté et deux pas en arrière. Bref, on bouge mais en reculant. Il y a eu la constitution de secteurs spécialisés BTP puis leur dilution dans les périmètres généralistes suivie de la reconstitution de zones BTP, etc… Tournez manège mais c’est la concurrence qui attrape le pompon ! Heureusement pour la direction, au fil des années les témoins gênants disparaissent, happés par le turn-over et… la concurrence tandis que s’efface l’histoire de l’entreprise. Agences disparues, collègues éclipsés, performances oubliées, tout est fait pour que la mémoire collective s’apparente quasiment aux facultés cognitives du poisson rouge 🐠.
Restructurite aiguë et erreurs managériales en cascade
Le pire, c’est que malgré notre part de marché résiduelle, l’entreprise continue de fermer à tour de bras des agences BTP tout en continuant “en même temps” à psalmodier son hymne au bâtiment et aux travaux publics. Mais il s’agit d’un bâtiment et de travaux publics fantasmés, sans risques particuliers de crédit client, ni jours de balance, ni taux d’accident du travail supérieur aux autres domaines d’activité. Bref, un BTP qui n’existe pas. Faut-il aussi revenir sur la désastreuse segmentation qui s’appliquait peut-être à tout ce qu’on voudra mais, comme nous l’avions affirmé et répété lorsqu’il en était encore temps, sûrement pas à l’environnement commercial et relationnel de ce monde bien particulier ?
Sans parler, plus récemment, de la valse-hésitation autour du dilemme de l’inclusion ou non de ces agences dans les hubs. Les jours pairs on les intègre, les jours impairs elles demeurent autonomes (ou ferment). Les meilleures volontés se sont émoussées ou ont pris la poudre d’escampette à moins qu’elles ne s’apprêtent à le faire.
Que dire encore des calamiteuses erreurs managériales commises aux quatre coins du territoire…? En Ile-de-France, l’amateurisme s’avère de dimension olympique. Un Directeur opérationnel dont le passage-éclair dans l’entreprise aura laissé un souvenir cuisant, a réussi, en un an et demi, à dévaster l’activité BTP, annihilant le travail de longue haleine d’équipes et de directeurs de secteur professionnels et investis. Le drame est bien de ne pas l’avoir empêché plus tôt de nuire.
Aujourd’hui, agences performantes et moribondes sont essentiellement tenues par des alternants. Le Directeur d’agence, quand il en existe encore un, s’éreinte à former à flux continu stagiaires et alternants tout en référant à quatre, cinq, six parfois sept collègues de l’encadrement et des fonctions-support. La situation est devenue invivable et la direction doit se prononcer rapidement et clairement sur ses intentions et ambitions en matière de BTP. Voulons-nous réellement oui ou non développer ce secteur d’activité autrement qu’en paroles ? Quand cessera-t-on de réduire le nombre d’agences et les moyens qui y sont alloués en feignant de vouloir conquérir des parts de marché ?