Pour ce qui nous concerne, Adecco affiche une insolente santé financière même si nous savons que dans trois à quatre mois, à l’occasion des négociations annuelles obligatoires (NAO), il nous faudra sortir les Kleenex lors du narratif tragique que ne manquera pas de nous débiter la direction, la mine défaite et des trémolos dans la voix. Nous venons d’apprendre une levée de fonds de 232 millions d’euros et l’émission de 5 100 000 nouvelles actions du groupe à 49,60 francs suisses l’unité (45,54 €) pour l’acquisition d’AKKA Technologies, un géant de l’ingénierie et des technologies numériques. Soit, avec Modis, une force de frappe d’environ 50 000 experts dans ces domaines. Son PDG, Maurice Ricci a par ailleurs créé Syntec Numérique en 2015, premier syndicat patronal du numérique, ce qui conforte, une fois de plus, cette réalité qu’il n’y a guère que les salariés qui ne se syndiquent pas. Il est par ailleurs connu pour son goût prononcé pour les yachts immatriculés dans des paradis fiscaux.
Nous avons aussi appris les négociations exclusives en vue de la reprise de BPI Group, groupe international de conseil en ressources humaines, connu et reconnu pour son accompagnement des entreprises en “transformation”…
Mais, plus proche de notre activité et plus lourd de conséquences pour notre quotidien, le rachat pour 65 millions d’euros de la start-up-PME QAPA devrait prochainement modifier sensiblement nos pratiques, structures et effectifs. “La fin des réseaux physiques” n’est sans doute pas pour demain mais à peine pour après-demain comme nous l’avons souvent évoqué sur ce site.
Ce qui nous interpelle le plus, c’est cette avalanche de centaines de millions d’euros étalés en quelques semaines pour une croissance externe accélérée. Les grands groupes gorgés d’argent publics semblent se porter mieux que jamais et profitent même de la conjoncture pour accélérer leur croissance. Cela renvoie à la question épineuse des salaires toujours grignotés par des combinaisons mathématiques de plus en plus complexes. Dans quelques mois, nous découvrirons en grandeur nature l’incidence du nouveau système de calcul de part variable, initialement baptisé Pyramide. Cela renvoit aussi aux mille et une mesquineries, radineries, rabiotages en tous genres qui grignotent en continu notre pouvoir d’achat. Quand on pense qu’il est maintenant demandé par la direction, ici ou là, à certains CSE de financer une reprise d’ancienneté d’intérimaires, dans le but de conquérir commercialement des marchés. Question mélange des genres, on frôle l’apothéose !
A quand une prise en compte de la situation salariale dans l’entreprise, un rééquilibrage et même un rattrapage qui mette au moins l’un des ténors de la profession au niveau de notre concurrence.
Il ne suffit pas d’acheter même si l’investissement paraît intéressant. Encore faut-il être à la hauteur de ses ambitions et avoir une certaine attractivité face à la concurrence pour que les intérimaires et les permanents aient envie de travailler chez nous !