L’outil Smart RH est-il vraiment à jeter aux orties sans autre forme de procès ? On pourrait être amené à se le demander si l’on relit l’expertise réalisée sur le sujet à la demande de vos élus. Les anomalies, imperfections et illégalités y sont légion et la solution de facilité consisterait à s’en prendre à l’outil, un outil cumulant imprécision, complexité et manquements aux obligations légales. Mais rappelons quand même que Smart RH relève de l’offre de Cegedim SIRH. Pas vraiment des débutants en matière de gestion des ressources humaines et notamment du temps de travail. Ce puissant groupe côté à la bourse de Paris développe et commercialise dans le monde entier des bases de données et des logiciels, notamment dans le domaine de la santé, de la gestion du temps de travail et de la paie.

Et pourtant, malgré cet outil connu et sans doute reconnu, jamais ne s’est autant posée la question de la mesure du temps de travail chez Adecco. Il faut reconnaître que tout semble avoir été fait pour brouiller les cartes. Explications.

Selon notre conseil, le système mis en place par l’employeur pour décompter le temps de travail se doit avant tout d’être fiable et par conséquent d’assurer une parfaite concordance entre le réel et ce qu’affiche le site. Il doit obligatoirement décompter le temps de travail au jour le jour et à la semaine. Ce n’est pas le cas et c’est la première anomalie.

De plus l’outil ne permet pas le décompte précis exigé par la loi et susceptible d’être présenté aux Comités économiques et sociaux (CSE) à leur simple demande. Deuxième carence.

Beaucoup d’heures supplémentaires ne figurent pas sur Smart RH car elles sont prétendument récupérées. Sur ce point précis, rappelons que les temps de récupération doivent impérativement bénéficier d’une majoration (25% et 50%), tout comme les heures. La non application de cette majoration constitue une infraction à la législation, parfaitement assumée par la direction y compris dans ses écrits.

Le fait de considérer l’absence de modification en deçà d’un dépassement d’une demi-heure, comme l’outil semble l’imposer, s’apparente à une infraction supplémentaire. Ça commence à faire beaucoup mais ce n’est pas tout…

Concernant les cadres, nous savons qu’ils ont de larges épaules mais quand même : il est indécent et surtout anormal de leur faire endosser la responsabilité d’un aval ou d’un refus d’heures supplémentaires à leurs collaborateurs. Le salarié doit déclarer ses heures supplémentaires et le temps travaillé doit être payé, c’est juste la loi ! De plus, la plupart des cadres n’ont pas été formés sérieusement à l’outil et se trouvent donc particulièrement peu enclins à l’utiliser. Inutile d’essayer de leur faire porter le chapeau, ils sont victimes, comme les non cadres d’un système qui essaie d’occulter la réalité des heures supplémentaires d’une part et la difficulté qu’il y a souvent à pouvoir récupérer, compte tenu de la charge de travail, d’autre part.

Rappelons ici que les cadres doivent bénéficier tout autant du régime des heures supplémentaires que les non-cadres. La légende du cadre qui ne compte pas ses heures et qui, de toute façon ne peut se faire rémunérer les heures dépassant sa base horaire contractuelle vient d’une confusion soigneusement  entretenue avec le régime du forfait-jours. Or, chez Adecco, et sauf peut-être exceptions rarissimes, le forfait-jours ne s’applique qu’aux cadres de classification « I » et au-delà. Tous les cadres jusqu’au niveau « H » inclus bénéficient du régime des heures supplémentaires.

Question efficacité opérationnelle, nous hallucinons lorsque nous lisons dans le rapport l’absence de connexion entre Smart RH et le service paie. Les informations et modifications liées au temps de travail se font, incroyable mais cependant vrai, a la mano , c’est-à-dire par courriel.

Nous reviendrons sur le sujet tant il nous semble capital mais pouvons déjà nous poser la question suivante : Smart RH est-il à ce point inopérant qu’il cumule à la fois ces insuffisances et ces manquements multiples à la législation ou, au contraire, s’agit-il d’un sous-paramétrage volontaire défavorable aux salariés ? Ce sera notre réflexion du jour…

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