Du lundi 25 juillet au mardi 23 août rediffusion du meilleur de l’année
Article paru le 15 avril 2022
Pour ceux qui en auraient douté, « Adecco n’est ni une prison, ni une salle d’attente », selon la formule adressée à un Directeur d’agence par un Directeur opérationnel visiblement agacé et peut-être un peu dépassé par les évènements. La première partie de la phrase va de soi puisque voici des années que nous avons bien intégré que pour ceux qui ne sont pas satisfaits, la porte est grande ouverte, selon la formule consacrée. Tout le contraire d’une prison et donc pas besoin d’une lime, d’un calibre, ni d’un hélicoptère. Au tarif actuel de l’énergie et donc du chauffage, il va d’ailleurs peut-être falloir quand même penser à la fermer. Ça ralentira peut-être un peu le turn-over par la même occasion… La seconde partie de ce propos nous semble plus énigmatique. Une salle d’attente est le lieu dans lequel on attend. Jusque-là on arrive à suivre, mais on attend quoi ? Une opportunité professionnelle à l’extérieur ? Un rendez-vous chez l’un de nos concurrents qui performe et capte les parts de marché que nous ne sommes pas en capacité de conserver ? Ce devrait être quelque chose comme ça. Mais reconnaissons que cette phrase sortie de son contexte a de quoi questionner sur la fibre managériale de certains.
Aujourd’hui, parmi les Directeurs opérationnels et de zone dont une bonne partie sinon une large majorité nous soutient et adhère à notre vision des choses, certains semblent tétanisés par une situation dans laquelle ils ne se voient plus qu’un rôle de contrôleur des items de suivi de l’activité et notamment du TAC et des PA. Leurs incantations ressemblent à des rafales d’arme automatique dans les BD, TAC, TAC, TAC, TAC, TAC… et il semblerait que le seul objectif à atteindre aujourd’hui soit le nombre de visites commerciales imposé. Ne surtout pas se faire remarquer sur ce critère par son Directeur de zone qui prendra un cigare par son Directeur opérationnel qui lui-même se fera allumer par le Directeur général, mettant par la même occasion le Président en piteuse situation face au QG zurichois dont le tenancier risque à tout moment de se faire débarquer par d’ingrats actionnaires coalisés en assemblée générale. Ah l’ingratitude humaine ! A quoi ça tient tout ça : tu ne fais pas suffisamment de visites sur ton petit périmètre quelque part dans la France profonde et c’est un CEO universel qui risque de passer à la trappe !
Leur deuxième obsession très en vogue, c’est le plan d’investissement… euh… pardon… de surinvestissement.. C’est l’alibi définitif. Grâce au surinvestissement, il n’est plus défendable d’être à la ramasse sur son budget, de ne pas fournir l’ensemble des commandes, de ne pas reprendre de parts de marché, et on en passe. Tout juste si on ne vous reproche pas les intempéries. Il suffisait d’y penser, finalement : les embauches tant attendues vont régler comme par enchantement l’ensemble de nos petites et grandes misères. On se demande même comment l’illumination ne nous avait pas éclairés avant ! Les managers crispés sur de pareilles postures ne se font pour autant pas d’illusions : ils se savent prisonniers (on y revient…) d’un vision court-termiste. Comme ce même Directeur opérationnel lançant à un de nos collègues Directeur d’agence : « Dans trois ans, je ne sais pas si je serai encore là ». Bonjour le modèle, adieu l’espérance ! Quasiment aussi précaire qu’un DRH, finalement !
Aujourd’hui, certains managers sont en souffrance, submergés par la pression, les injonctions contradictoires, le manque de moyens et l’illisibilité de la politique menée par le groupe. Le fameux « bon sens » est sans doute la ressource qui manque le plus en même temps que le retour aux fondamentaux. Comme nous l’avons évoqué il y a encore deux jours en CSE Central : faute d’écouter les hommes et les femmes du réseau et de nous recentrer sur le métier, il n’y aura aucune reprise du moindre chouïa de parts de marché. Surinvestissement ou non.