Nous avons plusieurs fois évoqué sur ce site les limites de l’indice des prix à la consommation tel que proposé chaque mois par l’INSEE, bien peu représentatif de l’inflation véritable subie par les consommateurs que nous sommes tous. Un exemple choc pour illustrer le grand décalage entre ces deux notions. Le 20 octobre dernier, l’INSEE annonçait une hausse des prix à la consommation de 5,6% sur un an, chiffre repris en chœur docilement par l’ensemble des médias et de tous ceux qui n’ont pas jugé utile de creuser un peu plus le sujet. Or, un mois plus tard, le même INSEE reconnaissait qu’en ce qui concerne l’alimentation, l’inflation est comprise, selon les types de produits, entre 9,4% et 60,3%… Ce tableau donne un aperçu de l’énorme entreprise de rinçage des consommateurs en cours depuis un an : quasiment 34% sur les légumes mais aussi, pour ceux qui ne peuvent plus s’en offrir, 21% sur les pâtes et 14,1% sur le riz, 17,1% sur les volailles, 14,5% sur les produits laitiers… Il est devenu hors de prix de se nourrir et plus encore de manger sainement. Ils sont déjà loin les cinq fruits et légumes quotidiens préconisés par les instances médicales.
Nous atteignons, en vérité, le plus haut taux d’inflation en France depuis 30 ans et le pouvoir d’achat artificiellement amélioré depuis trois décennies à coups de délocalisations (et leur désastre sur l’environnement, les salaires et l’emploi…), de chômage massif, et d’aides sociales distribuées avec un argent emprunté, s’effondre à grande vitesse avec la perspective d’une année 2023 qui s’annonce difficile.
Quant à l’énergie, inutile de faire un dessin, sa hausse globale de plus de 19% en une année, ce qui est déjà effarant, peine à dissimuler des disparité importantes selon les carburants et combustibles. Il n’est pas si loin le temps où les incitations à opter pour le chauffage au gaz tournaient au harcèlement, avec promesses à l’appui de substantielles économies. On ne sait aujourd’hui s’il faut rire ou pleurer de l’inconséquence de cette orientation. Nous savons en revanche qu’il faudra revenir sur la nécessaire prise en charge des frais de télétravail qui impacteront d’autant plus lourdement les factures cet hiver.
En fait, pour revenir à l’INSEE et au “trucage” des prix à la consommation – j’assume le terme – il provient de la composition de ce fameux panier de 1 000 produits et services qui n’est d’ailleurs pas même communiqué et considéré comme confidentiel. Véritable liste à la Prévert allant des préservatifs à l’automobile en passant par la balle de tennis, dont certains sont à l’évidence plus renouvelables que d’autres… Seuls 10% de ces produits, notamment alimentaires, sont publiés régulièrement. Pour les 900 autres, circulez, il n’y a rien à voir ! Argument avancé pour justifier ces cachotteries : si la composition du panier était publique, le gouvernement pourrait faire pression pour inciter les entreprises à diminuer les prix des produits et services épinglés et la grande distribution risquerait de faire campagne pour se démarquer, à la baisse bien entendu, des prix moyens publiés par l’INSEE. La justification vaut ce qu’elle vaut mais, au vu des éléments publiés ci-dessus, il ne devrait plus y avoir grand monde à croire encore au taux d’inflation officiel dénommé indice des prix à la consommation. Que cet indice existe, soit, mais à quand un indice qui prendrait en compte la véritable inflation, celle concernant plus de 90% des débours des consommateurs, à savoir la fiscalité, le logement, l’alimentation, la santé, les vêtements et les transports, par exemple ?
Compte tenu de ce rapide exposé des faits et de la situation, il se confirme qu’une négociation annuelle obligatoire comme celle que nous venons de vivre constitue une mauvaise action. un mauvais coup porté à ceux qui font l’entreprise et ses résultats. Nous reviendrons prochainement sur le partage de la valeur, sorte de mantra en vogue, agité par la classe politico-médiatique pour apaiser les mécontentements mais qui, telle l’Arlésienne, tarde à faire apparaitre son frais minois.
N’oubliez pas : Le temps c’est de l’argent… Tout temps travaillé doit être payé !