C’est à une sorte de course de vitesse permanente que nous assistons, entre le salaire minimum légal (SMIC) et les premières catégories de la classification dans l’intérim. Le 1er janvier dernier, il y a seulement deux semaines, le SMIC connaissait sa quatrième augmentation en un an (depuis le 1er janvier 2022). Du jamais vu qu’explique une inflation galopante mais surtout une volonté politique d’envoyer des gages aux salariés les plus modestes. En revanche, pareil souci ne concerne ni les indépendants, artisans, TPE, ni les retraités dont un grand nombre vit dans une situation s’apparentant à la misère. Mais le SMIC ainsi revalorisé régulièrement mène une course de vitesse avec les salaires qui lui sont légèrement supérieurs, aggravant ainsi le phénomène bien connu de smicardisation dont le Larousse nous précise qu’il s’agit d’une « tendance à l’augmentation du nombre de salariés dont la rémunération est durablement bloquée au SMIC ou à un niveau proche de celui-ci ». Demain, (presque) tous au SMIC ?
Le 6 janvier dernier, Prism’emploi, syndicat patronal de l’intérim, et trois des syndicats de salariés signaient donc, à l’issue des négociations annuelles obligatoires (NAO), un accord de revalorisation uniforme des salaires, toutes catégories de la classification confondues, de 3% et ceci à compter du 1er janvier 2023. A comparer avec nos 2,50% réservés aux non-cadres et applicables au 1er avril seulement. Toujours moins, toujours plus tard…
Bien sûr, les rémunérations demeurent plutôt limitées mais ce sont celles d’une activité de services aux entreprises dont nous savons bien qu’elles nourrissent son homme sans pour autant l’enrichir.
Adecco se targue d’appliquer une grille de salaires plus favorable que celle de la branche – nous ne pouvons, hélas, la publier – mais nul besoin d’être un génial matheux pour comprendre qu’une revalorisation des salaires de 2,50%, cadres exclus, applicable seulement au 1er avril, aura tôt faire de se faire rattraper par les dispositions de la branche, d’autant que celle-ci réunira sans doute encore les partenaires sociaux dans le courant de l’année comme ce fut le cas en 2022.
Mais ne nous emballons pas, si le coup de pouce de la branche sur les rémunérations s’avère manifestement plus appuyé que celui d’Adecco, il ne prend pas pour autant la pleine mesure de la situation inflationniste que nous vivons. Nos dirigeants et ceux de la profession feignent d’ignorer les messages alarmistes des économistes et décideurs d’entreprises et, tout dernièrement, la prévision du dirigeant de Lidl France, Michel Biero, prédisant pour cette année des hausses de 30 à 50% des prix dans les rayons des supermarchés.
Gorgées d’argent public, les entreprises d’intérim et notamment Adecco dont le CICE perçu aura permis de dépasser le milliard d’euros de fonds propres, semblent toujours aussi soucieuses de contraindre les salaires. Les salariés ont subi, subissent et, sauf mobilisation massive, subiront une paupérisation progressive dont les effets risquent de devenir insoutenables dans les mois et quelques années à venir. Il n’y a d’autre solution que l’engagement collectif, celui dont certains voudraient à tout prix vous dissuader. Rejoignez la CFE-CGC, le syndicat des cadres et de l’encadrement.