Kick-Off 2023, et maintenant ?

Le Kick-Off, sorte de rituel managérial obligé chaque début d’année s’est donc déroulé comme prévu, hier au national et l’après-midi pour les divers périmètres et entités du groupe. Que penser du cru 2023, fébrilement attendu par quelques-un et plus mollement par le plus grand nombre ?

Sur  les aspects techniques et esthétiques, rien à redire, la prestation s’est avérée très professionnelle avec un plateau type TV digne des chaînes les mieux dotées, pas le moindre couac dans les prises de parole, de bredouillements, ni de “euh…” intempestifs. Interventions de qualité dont, notamment celle d’un responsable de Pôle Emploi et des principaux responsables de la ligne hiérarchique de l’entreprise. Coup de chapeau également pour le reportage montagnard de qualité. Chacun aura remarqué le code vestimentaire scrupuleusement  respecté par tous : la chemise blanche négligemment entrouverte et la veste foncée. Nous aurons néanmoins une pensée émue pour les marchands de cravates qui devraient envisager une reconversion rapide. La tendance était donc à l’élégance façon BHL, le philosophe de BHV et des Monoprix. coqueluche des médias alignés et foudre de guerre à ses heures.

Sur le fond, nous resterons bien entendu plus réservé. Les interventions des uns et des autres relevaient de la success-story la plus échevelée et pas l’un de nos problèmes quotidiens ne fut abordé, même sur le mode allusif. Tout juste évoqua-t-on une début d’année 2022 un peu difficile, sans doute pour justifier la régression avérée des PDM. Nous nagerions donc dans le bonheur absolu et la félicité. Il faudrait, nous a-t-on dit, continuer de développer nos parts de marché, comme si nous n’avions précisément pas poursuivi la dégringolade en 2022, malgré un léger redressement au dernier trimestre. Et tout était à l’avenant. Ce discours, furieusement positiviste, s’assortissait néanmoins de quelques précautions parfois nichées dans des détails, tel le choix limité entre les smileys à activer qui se réduisaient à cinq symboles avantageux : le pouce levé, le cœur, les applaudissements, le sourire ou tout simplement “team“. Nul smiley grincheux, en colère, moqueur ou effaré. Par ces petits symboles aujourd’hui adoptés par tous ou presque, il devenait impossible d’exprimer la moindre réserve et encore moins le plus ténu mécontentement. On est jamais trop prudent…

Le chat crépitait de remarques et questions allant de neutres à bienveillantes et un mur d’images de nos collègues connectés apparaissait par intermittence, impressionnant par son effet de masse mais dont une observation attentive permettait de détecter un certain nombre de doublons. Aurait-on par hasard manqué de webcams ouvertes ? La question se pose.

En synthèse et sans vouloir reprendre nos propos d’hier, il ne s’agit évidemment plus de Kick-Off, occasion annuelle unique de retrouvailles, d’échanges entre collègues plus ou moins perdus de vue, de camaraderie bon enfant, d’amitié parfois. Moment souvent attendu, permettant de s’éloigner de son clocher et de voyager un peu, de revêtir ses plus beaux atours et… cravates, d’échanger les effluves d’eau de toilette les plus diverses et de rendre une visite préventive à son coiffeur. Ce sont les limites de la visioconférence, fort utile par ailleurs mais parfaitement inadaptée en l’occurrence. Kick-Off is dead.