Franchement, vous y croyez vous aux statistiques officielles du chômage sur lesquelles fanfaronnent un peu trop fort nos politiques ? Il y aurait, selon eux, 7,2% de chômeurs, ce qui soit dit en passant s’accommode plutôt mal avec les réelles pénuries de main-d’œuvre constatées dans presque tous les domaines d’activité.
Mais il y a plus grave lorsqu’on sait qu’une note de l’INSEE lui-même relève qu’un chômeur – selon la définition du Bureau international du travail (BIT) – sur cinq néglige de s’inscrire au Pôle Emploi, notamment parmi les jeunes ne pouvant prétendre à la moindre indemnisation. Cette carence revient de fait à ajouter 440 000 demandeurs d’emploi en plus dans la catégorie A qui en compte ainsi 3,5 millions, soit 11,4% de la population active et non 7,2%. L’écart est de taille (plus de 58%) et devrait logiquement, dans une nation démocratique se trouver à l’origine d’un retentissant scandale. Sans aucune ambiguïté, l’INSEE affirme donc dans ses écrits que le décompte réel des chômeurs, rien que pour la catégorie A s’élève à 3,5 millions d’individus. Énorme et pourtant quel silence médiatique troublant.
Les gros mensonges de l’exécutif politique s’avèrent d’autant plus gênants que depuis le 1er février dernier, la durée d’indemnisation des demandeurs d’emploi a été réduite de 25% au prétexte que le chômage était passé sous le seuil des 9%. Ils ont donc été gravement appauvris sur la base d’un énorme mensonge statistique. Et comment ne pas imaginer que cette fausse baisse du chômage n’offre pas le prétexte à une nouvelle loi sur le travail, toujours plus régressive et défavorable pour les salariés comme pour les demandeurs d’emploi ? On reconnaitra aisément que compte tenu de ce qu’il vient de se passer pour les retraites, l’hypothèse ne peut être taxée de fantaisiste. Et ce ne sont pas les nouvelles mesures adoptées pour le Revenu de solidarité active (RSA) qui pourront nous rassurer.
Après le déversement massif d’argent public, d’allègements en tous genres – sans parler du scandale un peu trop vite étouffé du CICE -, après aussi les réforme du droit du travail et notamment la déconstruction de son Code, il faut bien se rendre à l’évidence : rien n’a vraiment fonctionné de manière satisfaisante dans la prétendue lutte contre le chômage et sa timide réduction observée ici ou là ne change rien à l’affaire. De plus, continuer à clamer des incantations en faveur de l’emploi et contre le chômage relève de la plus indécente tartufferie si l’on s’interroge moins d’une minute sur les conséquences, évidentes de la digitalisation accélérée, de la robotisation et de l’intelligence artificielle. Prenons ici le pari d’un retour prochain, dans les mois ou années à venir, de débats nourris sur le revenu universel, sorte de modeste rente de survie et ultime carte dans la manche de nos prestidigitateurs.