Qu’en est-il du phénomène de “Grande démission”, expression typiquement médiatique et garantie “made in US” sous l’appellation d’origine “The Great Resignation” ou “Big Quit“. Ce phénomène, s’il en est un, tout droit venu des États-Unis, gagnerait la France et les pays industrialisés dont on nous affirme qu’ils seraient frappés par une vague historique de démissions, une sorte de sauve-qui-peut de salariés quittant volontairement, avec ou sans plan B, leur emploi.

Même s’il faut toujours se méfier des emballements médiatiques et des modes venues d’outre-Atlantique, force est de constater que le niveau de démission au sortir de la crise dite sanitaire a atteint des sommets des deux côtés de l’Atlantique. Si 47 millions d’Américains auraient quitté leur emploi en 2021, la France ne serait pas épargnée avec un taux de démission historiquement élevé : le taux le plus élevé depuis la crise financière de 2008 dont on finit par oublier un peu les effets dévastateurs. Des démissions en progression de plus de 20% qui ont culminé à 520 000 fin 2021 et début 2022, à un niveau très inférieur à celui des États-Unis mais néanmoins préoccupant dans un contexte de recrutement de plus en plus complexe.  Même si la situation s’est largement améliorée depuis lors, les indicateurs chiffrés confirment une tendance accrue à la démissionite, chez Adecco comme ailleurs.

Chez Adecco, précisément, le turn-over a culturellement toujours été plutôt élevé, notamment dans certaines fonctions et plus particulièrement dans le recrutement. Lorsque l’on affiche un taux global de rotation du personnel (officiel) compris entre 25 et 30%, cela équivaut quand même à un remplacement de plus du quart des effectifs de l’entreprise chaque année, ce qui n’augure rien de fameux en termes de suivi commercial, de professionnalisation, de fidélisation des salariés intérimaires  et tout simplement de compétences. C’est aussi un piètre signal envoyé au monde économique, dont notre clientèle, aux salariés de l’entreprise et aux éventuels futurs candidats.

L’entreprise semble, en tout cas le prétend, bien vivre ce flux permanent d’entrées et sorties, se contentant d’égrener quelques poncifs recuits du genre “c’est la vie de l’entreprise” ou “c’est un taux moyen dans la profession”… “nos concurrents ont les mêmes taux”… Bref, en substance, “c’est le métier qui veut ça”. Nous ne manquons jamais de rappeler qu’il y a des entreprises dans laquelle le turn-over demeure notablement faible, la fidélisation forte et donc le niveau de professionnalisation élevé. Si l’herbe n’est pas toujours plus verte ailleurs, il lui arrive néanmoins de l’être.

Ajoutons à ces démissions pures et dures, les licenciements plus ou moins provoqués, les ruptures conventionnelles, les abandons de poste et surtout… surtout le phénomène de “Quiet quitting” – c’est ma dose d’anglicismes pour l’année complète -, c’est-à-dire de “démission silencieuse”, un phénomène bien plus redoutable encore pour les entreprises. Il s’agit d’une attitude de détachement vis-à-vis de l’entreprise, de sa fonction, des tâches à effectuer et de fournir le travail minimum vital sinon syndical ;-), juste pour surnager et éviter le licenciement mais sans foi, sans affect et sans la moindre passion. Le salarié en situation de “démission silencieuse” se contrefiche d’augmentations auxquelles il ne croit plus et ne sacrifiera de toute façon rien, d’éventuelles promotions qu’il ne souhaite même pas (ou plus) et n’effectue que le strict minimum afin de percevoir son salaire, privilégier sa vie de famille, amicale, ses loisirs et un éventuel hobby (c’est le dernier). Son emploi se résume à une activité alimentaire ni plus, ni moins passionnante qu’une autre.

Il s’agit bien entendu d’un phénomène de société mais comment ne pas y déceler aussi une manifestation de lassitude face au manque de reconnaissance ressenti, à des salaires jugés insuffisants en regard du travail fourni et à l’illisibilité des gouvernances imposées ? Voici en tout cas un excellent sujet de réflexion et, si possible, d’action urgente pour tous les responsables de ressources humaines de France, Navarre et de… chez Adecco.

6 Commentaires

  1. Le nombre de démissions surtout chez les collaborateurs avec une ancienneté de 3 à 5 ans est impressionnant ! Peu de reconnaissance, peu d’évolution , des salaires de misère..bref oui l’herbe est plus verte ailleurs ! Et Adecco a tout à y perdre..La PDM en pâtit c’est certain .Et la direction s’en fiche royalement

  2. la question c’est est-ce que ça dérange nos dirigeant ce turnover ou est-ce que ça les arrange ?
    tant qu’on n’a pas répondu à ça on brasse de l’air

  3. Comment on peut demander une rupture conventionnelle ?J’ai 13 ans d’Adecco et pour moi c’est bon j’ai assez donné et j’ai envie de partir. A qui il faut demander DZ, RH ? Financièrement c’est basé sur la convention collective ?Merci d’avance

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