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Article paru le 27 février 2023
C’est une grande victoire judiciaire prudhommale que les élus CFE-CGC Adecco s’apprêtent à fêter dignement. Retour sur l’affaire qui, il y a un peu plus de deux ans, a sévèrement secoué les équipes du périmètre Paris-Ile-de-France. A l’origine, le signalement d’un Directeur de clientèle parisien nous alertant sur la souffrance au travail vécue par lui-même et au moins deux de ses collègues.
Première faute managériale majeure : en pleine période ce crise sanitaire, à peine étions-nous sortis du premier confinement strict et en plein été c’est-à-dire à la pire période qui soit pour jouer au yoyo avec les structures, la Direction opérationnelle décide de “rapprocher” deux agences, ce qui en langage décodé signifie une fermeture. Il suffit d’être un peu bilingue Français-Adecco, Adecco-Français. Compte tenu du contexte particulièrement pénible de l’époque, la greffe ne prend évidemment pas et l’équipe constate très vite qu’elle n’est pas forcément la bienvenue dans l’agence d’accueil. Faute de suivi, d’écoute et de réactivité de ceux qui auraient dû en faire preuve (et dont c’est la fonction), la situation se dégrade très vite et l’équipe “importée” se retrouve rapidement dans une souffrance difficilement supportable en raison de comportements inadaptés répétés et dévalorisants.
Alertée, notre élue CFE-CGC sur le périmètre sollicite avec insistance ceux dont la fonction devrait logiquement consister précisément à gérer les ressources humaines, mais en vain. Il n’y a visiblement pas d’abonné au numéro demandé. Consciente des enjeux et de la gravité de la situation, elle finit donc par déposer officiellement un droit d’alerte, procédure classique et souvent d’une efficacité redoutable, destinée à éviter le pire.
Quelle attitude pensez-vous qu’adopta alors la direction de zone ? Licenciement immédiat des trois plaignants en souffrance puis d’une quatrième salariée qui avait osé témoigner en leur faveur. Une véritable politique de la terre brulée, digne des plus violents polars ou thrillers : on supprime les adversaires puis ensuite les témoins gênants. La méthode n’a rien de nouveau et nous y avons déjà été confrontés à de multiples reprises. Quatre licenciements pour tenter d’étouffer cet échec cuisant d’une fusion d’agence en plein été et au plus fort de la crise sanitaire.
Plus grave encore, nous découvrons très vite que les trois collègues, victimes présumées de harcèlement moral, figuraient sur la fameuse liste noire qui défraya la presse et sur laquelle nous sommes plusieurs fois revenus (lire, entre autres, “Liste noire : des preuves accablantes“). C’est dire que leur éviction de l’entreprise était froidement préméditée et que l’affaire que nous évoquons n’aura servi que de prétexte bien commode. Quand à la harceleuse présumée qui s’était rapprochée d’un syndicat généraliste pour se prétendre à son tour harcelée, s’est-elle à un moment donné rendue compte qu’elle était instrumentalisée dans une stratégie de réduction d’effectifs dépassant largement le cadre de ce conflit ? Nous en doutons. Il y a souvent dans ce genre d’embrouillaminis davantage de victimes que de pervers ou de harceleurs et il faut souvent maitriser le billard à deux ou trois bandes pour en percevoir les véritables enjeux.
A noter le manque de neutralité du Responsable des ressources humaines de la Direction opérationnelle (RRHDO) qui avait officiellement et par écrit pris partie pour la présumée harceleuse, avant même le début de l’enquête interne à mener dans le cadre de ce droit d’alerte. Colossale maladresse qu’il paiera de son emploi en étant viré, lui aussi, peu après les quatre licenciements de l’équipe que nous avons soutenue et accompagnée pendant plusieurs mois. Toujours avec cette finalité de faire disparaitre tous les témoins gênants, P.M. sera donc licencié avec pertes et fracas. Cinq licenciements, un épouvantable gâchis humain à cause d’erreurs d’appréciation, de maladresses en chaîne, de manque d’écoute et de compréhension des enjeux.
Aujourd’hui, plus de deux années après ce désastre humain, la justice vient de trancher. Nos quatre collègues, accompagnés pendant de nombreux mois par une élue CFE-CGC, viennent de gagner leur procès aux prudhommes et seront généreusement indemnisés du préjudice qui leur a été causé par ces “licenciements abusifs”. Ils ont tous les quatre retrouvé un très bon emploi et, pour mémoire, le plus récent dans de l’équipe a perçu 60 000 euros. Pour les deux plus anciennes, nous n’osons même pas vous communiquer le montant…
Épilogue. Voici donc deux structures dynamitées, une évidente perte de compétences, des centaines de milliers d’euros envolés en indemnités et une image calamiteuse sur le région et la clientèle. Qui paie à votre avis ?