Si l’on se réfère à l’actualité et notamment à l’actuel débat sur les retraites, nous conviendrons que les temps présents ne sont pas forcément des plus cléments pour tout ce qui touche au dialogue social. Il en est de même dans de nombreuses entreprises et tout particulièrement chez Adecco chez qui ledit dialogue, après n’avoir jamais été bien vaillant, se dégrade de mois en mois jusqu’à devenir caricatural.
Les réunions et prétendues négociations se déroulent dans un climat de plus en plus tendu et délétère et les représentants de la direction ne font aujourd’hui même plus semblant de souhaiter un dialogue constructif. Ils passent en force ou tentent de la faire sur tous les sujets, élèvent le ton ou, au contraire, se mettent en retrait et boudent. “Les filles ça bude” nous dit Florence Foresti dans l’un de ses sketches. Nous en viendrions presque à regretter la période où la direction des ressources humaines et celle des relations sociales simulaient. Et puis, l’heure est à la régression budgétaire et à une gestion purement financière et court-termiste, sous-tendue par une attitude dans le genre “après nous le déluge”.
Nous tenons à alerter la direction de l’entreprise de la très mauvaise passe dans laquelle elle s’engage et des conséquences qui peuvent en découler. Le dialogue social n’est même plus en danger, il n’existe tout simplement plus. Il n’y a plus d’abonné au numéro demandé !
Ceci étant posé, une bonne nouvelle vient aujourd’hui prouver que non seulement l’arrogance ne peut suffire à tout régler, bien au contraire, mais que de plus il existe toujours une justice capable de faire respecter le droit. Pour résumer les faits, nous avions décidé de désigner l’un de nos élus CFE-CGC à un mandat de Délégué syndical. Une telle désignation suppose de répondre à quelques exigences légales qui, en l’occurrence, étaient parfaitement remplies. Nous ne savons trop pourquoi l’une des membres de la direction s’est mise en tête de contester cette décision au prétexte pour le moins farfelu que “notre organisation ne serait pas représentative chez Adecco”. Ainsi, notre syndicat qui est très largement majoritaire chez les cadres dans l’entreprise et a obtenu à lui tout seul plus de la moitié des votes des cadres chez Adecco (alors qu’il existe six autres organisations syndicales implantées) ne serait pas représentatif dans les catégories qu’il représente ? Alors là tu nous copieras 100 fois les articles de loi concernés ! Grotesque et d’une mauvaise foi olympique, à moins qu’il ne s’agisse d’une mauvaise blague au troisième degré, ce qui serait le moindre mal. Même à la rubrique juridique de Pif magazine, ils n’oseraient pas. Bien évidemment, l’entreprise a perdu sa procédure et, mauvaise joueuse, elle a osé refuser l’évidence et s’est pourvue en Cassation. Et là les amis, c’est le deuxième effet kiss cool, la fessée cul nu et publique s’il-vous-plait.
La Cour de Cassation vient en effet de rendre son verdict et précise dans son jugement que “En application de l’article 700 du code de procédure civile, rejette la demande formée par la société Adecco France et la condamne à payer à Monsieur G.T. (notre collègue élu) et au syndicat CFE-CGC-SNES la somme globale de 3 000 euros”. Comme si cela ne suffisait pas, notre avocat nous écrit “Vous constaterez enfin qu’il s’agit d’un rejet en application de l’article 1014 alinéa 1 du Code de procédure civile, ce qui signifie que la Cour nous a suivi sur le fait que l’argumentation d’Adecco n’est tellement pas sérieuse qu’il n’est pas nécessaire pour la Cour de motiver la décision de rejet !“.
Voilà, fin de partie : deux râteaux maison pour Adecco et une prune de 3 000 euros. Encore merci pour tout !
Et si maintenant on essayait plutôt le dialogue ?