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Article paru le 8 mars 2023
L’information passerait presque inaperçue tant nous sommes habitués aux mouvements incessants au sein de l’état-major du groupe Adecco. Du tango suisse à la chaise musicale, nous n’avons jamais lésiné sur les expressions fleuries pour évoquer cette fébrilité. Il faut dire que les places y sont plutôt douillettes et ça se bouscule vivement autour de l’assiette au beurre.
Nous apprenons donc la nomination de Sandy Venugopal, âgée de 40 ans et actuelle directrice des systèmes d’information d’Uber, au conseil d’administration du groupe. Toutefois les actionnaires se prononceront définitivement le 12 avril prochain. Elle aurait pour mission de “promouvoir la diversité au sein de l’instance dirigeante” nous annonce la presse économique mais aussi (et surtout), plus prosaïquement, “de conduire une transformation technologique, afin d’améliorer l’expérience utilisateur tout en réduisant les coûts“. Et, là, nous pouvons lui faire confiance. Tous ceux qui suivent régulièrement nos publications et analyses comprennent parfaitement de quoi il s’agit.
Si la presse évoque le cursus de la nouvelle venue sans la moindre émotion, ni le moindre jugement de valeur, nous allons quant à nous nous dévouer pour rappeler en quelques mots de quoi Uber est le nom. Bien sûr, tout le monde connait l’enseigne qui mit en pétard les taxis et autres chauffeurs de VTC victimes d’une concurrence déloyale et parfaitement dérégulée et chacun a, au moins une fois, croisé ces pauvres hères plus ou moins kamikazes s’éreintant sur leur vélo pour livrer leur malbouffe aux couleurs de Uber Eats. Le client est prié de se sustenter en faisant abstraction des pires conditions de travail qui soient, avec retour au travail (chichement) payé à la tâche et à l’année zéro des conditions sociales. Bon appétit ! Un esclavage bien commode, certes, mais digne à la fois d’un Germinal revisité, d’une délocalisation à domicile et d’une diversité au service de quelques milliardaires douteux de la côte Ouest des États-Unis. S’intéresser au parcours et à la personnalité des principaux fondateurs de plateformes numériques californiennes, ne manque pas d’intérêt, soyez-en certains, mais ce ne peut être l’objet de notre site.
L’histoire de Uber, pour ceux qui souhaiteraient se déboucher le nez et regarder les choses en face, n’est qu’une succession de scandales, d’infractions, de procédures, d’agressions sexuelles par des chauffeurs et même de viols. Tavis Kalanick, l’un des deux fondateurs de cette plateforme informatique, finit par être lui-même débarqué à l’issue d’une liste sans fin de controverses ternissant sévèrement l’image du groupe, allant du sexisme, aux discriminations multiples en passant par des méthodes managériales inavouables, fautes de gestion et autre tentative de soudoiement du comité exécutif, corruption… Sa devise : “s’assurer que chaque année qui passe soit vécue comme difficile par ceux qui partagent son quotidien chez Uber”. Charmant programme, délicat personnage.
Si l’on sort un instant de ce cloaque pour se pencher sur le modèle économique dit “ubérisation”, la situation ne semble guère plus avenante. L'”ubérisation” ou “plateformisation” consiste à rapprocher directement les utilisateurs de services des professionnels (suivez mon regard…) et ceci de manière quasi-instantanée. Pour résumer au mieux : optimisation de la technologie et exploitation maximum des hommes.
Pour en revenir à Sandy Venugopal, Zonebourse précise que cette cadre américano-canadienne qui travaille dans la SiliconValley depuis 2009 supervise actuellement l’infrastructure et l’ingénierie IT mondiale du spécialiste californien des courses VTC et des livraisons de repas. Elle avait auparavant occupé divers postes technologiques chez Linkedin après un début de carrière chez Accenture.
Rien de nouveau dans les orientations du groupe, juste une accélération notable vers ce que nous savons tous.