Des managers au bout du rouleau

Nombre de nos collègues cadres et managers Adecco sont aujourd’hui au bout du rouleau, selon l’expression consacrée. Véritables hommes et femmes-orchestre, ils n’ont jamais vu le moindre début de commencement d’allègement de leur charge administrative, ni d’une simplification si souvent annoncée et même promise mais qui, telle l’Arlésienne, semble toujours devoir se dérober. Se recentrer sur leur métier ? Mais ils ne demandent que cela, en rêvent éveillés même, et c’est une véritable frustration pour un commercial de ne pouvoir se consacrer à ses clients et prospects comme pour un recruteur de devoir passer des journées sinon des semaines sans effectuer le moindre recrutement, faute de temps. Le sujet ne date pas d’hier et les solutions sont parfaitement connues, notamment en ce qui concerne la nécessaire attractivité salariale. Nous le savons tous, la plupart des entreprises se lamentent sur la pénurie (bien réelle) de main-d’œuvre tandis que d’autres croulent sous les candidatures et constituent des viviers, sorte de listes d’attente. L’image d’une entreprise, son métier, son style de management et sa grille de salaire expliquent évidemment cette disparité.

Nos récentes visites d’agences nous l’ont amplement confirmé : le turnover des permanents, sujet abordé ici-même il y a quelques jours, devient un véritable fléau tout à la fois chronophage, anxiogène et souvent démoralisant, en plus de son lourd impact financier. A mesure de la pénurie des candidatures, chaque recrutement devient à la fois plus délicat et incertain, d’autant que le plupart de nos collègues managers se plaignent d’un manque d’appui sur le sujet. Une fois le candidat retenu, reste à l’intégrer correctement, le former, lui apprendre le B-A BA, s’efforcer de lui communiquer l’envie et si possible la passion de notre métier en priant secrètement que la greffe prenne et qu’il ne soit pas nécessaire de tout recommencer quelques semaines ou mois plus tard… Dans certaines agences au turnover particulièrement élevé, cette charge de travail s’avère parfaitement ingérable, d’autant que pendant ce temps la vie continue avec ses impératifs de développement et suivi commercial, de gestion, d’animation et de management de l’équipe, de reporting, de gestion du risque client et mille autres obligations qu’impose la fonction.

Tout cela épuise, mine, démotive des managers aujourd’hui fatigués et dont certains arrivent à leurs limites et même au-delà. Le “nouveau” plan d’investissement annoncé plus “modéré” et “cohérent” et par conséquent moins fanfaronnant fera-t-il la différence ? Nous l’espérons, bien entendu, mais avec beaucoup de circonspection, aussi vrai que chat échaudé craint l’eau froide. Faut-il revenir une fois encore sur la dernière enquête en date portant sur les risques psychosociaux et dont les résultats accablants n’ont pour autant pas provoqué le sursaut attendu ? Nous le ferons car il en va de la santé physique et mentale de nombre de nos collègues managers qui souvent nous confient leur désarroi et leur éreintement. Soyez-en certain(e)s, nous ne lâcherons rien.