Ne jamais prendre au mot un ordre avant d’avoir reçu le contre-ordre, nous enseigne depuis toujours la sagesse militaire. Depuis quelques jours, l’ensemble de la presse reprenait en chœur cette information en apparence anodine mais lourde de conséquences pour les salariés frappés de plein fouet par l’inflation et victimes de salaires souvent très insuffisants : au 1er janvier 2024, l’utilisation des titres-restaurant allait être restreinte à sa plus simple expression et notamment ne plus permettre l’achat de denrées alimentaires dans votre supermarché habituel. Les titres-restaurant n’auraient en effet plus été acceptés que “pour des aliments immédiatement consommables ou qui serviront à la préparation du repas du salarié : plats cuisinés ou salades préparées, sandwichs, fruits et légumes, produits laitiers, etc.“. Impossible donc, à partir du début de l’année prochaine, de se pourvoir en pâtes, riz, beurre, viande, poisson, huile, condiments, etc. grâce à notre carte Sodexo.
Choquant, même s’il faut bien se rappeler que ces restrictions constituaient la règle avant la crise dite sanitaire du Covid-19 et que l’extension du champ de validité des titres-restaurant avait été promulguée avec effet limité à une période comprise entre octobre 2022 et décembre 2023, dans la louable intention de lutter (modestement) contre l’inflation. Nous arrivions donc tout simplement au terme d’une mesure dérogatoire.
Mais mettre fin à cette dérogation c’était cautionner en même temps, comme dirait l’autre, une incitation à la malbouffe puisque lesdits titres ne permettraient plus que d’acquérir une alimentation prête à ingurgiter : plats cuisinés, salades préparées, soupes instantanées, etc. Oubliés les doctes tirades sur le surpoids, le diabète, l’impérieuse nécessité de manger cinq fruits et légumes par jour – recommandation d’un autre temps compte tenu du prix prohibitif desdits fruits et légumes – et tutti quanti ?
Mais voilà que notre ministre de l’Économie s’est, hier, devant la commission des Affaires économiques du Sénat, déclaré favorable à une prolongation, une dilatation pourrions-nous dire, de la dérogation et par conséquent à une possibilité de continuer d’acheter l’ensemble des produits alimentaires avec les titres-restaurant pendant l’année 2024. Louable intention que la ministre déléguée du Commerce, Olivia Grégoire, a immédiatement confirmé. Fin du suspens : nous pourrons donc continuer de faire nos courses alimentaires avec les tickets-restaurants en 2024. Ne boudons pas ce (petit) geste appréciable en ces temps d’inflation galopante, de gel salarial dans certaines entreprises – tonton pourquoi tu tousses ? – et de baisse accélérée du niveau de vie.
Un seul média pour l’instant, le magazine Valeurs actuelles, confirme clairement cette information, les autres se contentant d’évoquer une possible mesure dérogatoire pour 2024 mais sans aucune certitude. Nous reviendrons donc sur le sujet si la situation venait à évoluer dans un sens ou l’autre.