Diminuer les droits des chômeurs s’avère lucratif si l’on s’en tient aux faits et, en l’occurrence, aux chiffres les plus officiels. En effet, pour cette année, les excédents de l’Unédic devraient s’élever à 1,1 milliard d’euros en 2024 au lieu des 5 milliards annoncés. Imagine-t-on le sort d’un dirigeant d’entreprise dont l’erreur d’estimation budgétaire frôlerait les 500% ? A peine aurait-il le temps de récupérer ses effets personnels… Pour 2025 l’excédent s’élèverait à 3 milliards, plus de 5 en 2026 et, apothéose, plus de 11 milliards en 2027. A revoir évidemment à la baisse au fur et à mesure de l’avancée dans le calendrier.
Il s’agirait des conséquence d’une situation économique en voie d’amélioration, selon le marc de café de l’exécutif politique mais, plus sérieusement, suite à la baisse du nombre de demandeurs d’emploi indemnisés “grâce” à la réforme de l’assurance-chômage. Ponctionner les pauvres semble donc toujours particulièrement profitable même si ces perspectives budgétairement positives demeurent très en deçà des prévisions enchanteresses du gouvernement. Ce qui ne l’empêche d’ailleurs pas de continuer à miser sur des conjectures économiques plutôt séduisantes. C’est fou ces perspectives invariablement exagérées et tout aussi invariablement revues à la baisse peu après, que ce soit en matière de chômage, de croissance, d’endettement, de déficit de la balance commerciale… Une sorte de théâtre de roublards bien rodée dont personne ne semble se lasser.
Ceci dit, ces excédents de gestion ne peuvent occulter une réalité comptable nettement moins sexy qu’il n’y parait : aussi optimistes se présentent-ils, ils ne feront jamais que contribuer à diminuer l’endettement de l’Unédic qui passerait ainsi de près de 60 milliards en 2023 à environ 39 en 2027, selon ces radieux auspices. Il resterait donc encore une quarantaine de milliards à éponger, ce qui présage déjà de nouveaux coups de rabot supplémentaires dans l’indemnisation du chômage.
Ce lourd endettement de l’Unédic n’empêche en tout cas pas l’exécutif de mijoter une ponction de 12 milliards d’euros sur la période 2023-2026. Comme pour la santé, le logement, la formation…, l’État failli poursuit une logique de siphonnage d’excédents d’organismes pourtant surendettés ! A peine l’un de ceux-ci commence-t-il à ne plus perdre d’argent ou à en perdre moins à force de réformes régressives qu’il se voit sévèrement ponctionné alors même qu’il croule sous une dette irrécouvrable de plusieurs dizaines ou centaine de milliards.
Mais ce n’est pas tout puisque déjà plane la menace d’une nouvelle réforme de l’assurance-chômage si devait s’observer la moindre inflexion de la dynamique positive actuelle. Ce serait alors un nouveau durcissement des règles d’indemnisation des demandeurs d’emploi pour en exclure davantage encore et les indemniser toujours moins. Qu’on se le dise, quelle que soit la situation économique à venir, il faudra que diminue le nombre de chômeurs indemnisés.
Notez, pour finir sur une note optimiste, qu’il existe sans doute des marges de manœuvre appréciables en termes de gestion dans certaines branches de l’Unédic si l’on se réfère à l’encyclopédie Wikipedia qui nous révèle que “Des détournements de fonds de très grande ampleur se seraient produits au sein de l’organisme patronal Unédic-AGS (garantie des salaires-NDLR) selon un audit réalisé à partir de 2018. Cet organisme permettant de rémunérer les salariés au moment où leur société est placée en liquidation judiciaire fait l’objet de « management opaque, factures exorbitantes, contrôles quasi inexistants ». Les pertes annuelles pourraient atteindre 1,5 milliard d’euros.”